<354>entendu conduire; que, lorsque Wedell s'était mis en marche avec son bataillon, pour empêcher le dessein de l'ennemi, il y en avait déjà eu trois mille de passés; qu'il les avait attaqués, indépendamment de leur nombre, et les avait obligés à se retirer sous la protection de trois batteries qu'ils avaient de 50 canons; que dans cette terrible situation nos grenadiers avaient arrêté l'ennemi trois heures, mais qu'ils avaient été obligés de se retirer faute de secours, n'ayant perdu que deux officiers et 100 hommes; que l'on avait envoyé trois officiers pour m'avertir de ce qui se passait, qu'il y en avait eu un de tué et les autres faits prisonniers. En un mot, la fatalité voulut avoir si bien secondé les Autrichiens dans cette rencontre que leur dessein réussit comme ils l'avaient projeté, malgré toutes les dispositions que l'on avait faites pour le faire échouer.
L'armée ne fut assemblée qu'à l'entrée de la nuit, il nous manquait encore le détachement de Nassau. Ce fut tout mon soin de faire des mouvements capables de faciliter sa jonction, et d'aviser à ce qu'il y aurait à résoudre pour la ville de Prague.
Il était absolument nécessaire, alors, de choisir entre le parti, de tirer avec l'armée vers Nimburg et Prague, ou vers Königgrätz. Dans le premier de ces cas, je m'exposais à des inconvénients si dangereux que j'aurais été perdu avec l'armée, si j'avais choisi ce parti-là ; car les Autrichiens, sentant que j'étais coupé de mon pays par les frontières de la Saxe, et que je n'avais plus d'autre connexion avec mes États que par la Silésie, se seraient postés le long des gorges et des défilés qui conduisent dans ce duché, moyennant quoi j'aurais manqué de toutes les choses nécessaires pour refaire une armée en tout genre; et ce qui était plus décisif encore que tout ceci, c'était que le trésor de l'armée était épuisé à la fin de novembre, que je ne pouvais trouver de l'argent en assez grande quantité pour payer les troupes Toutes ces raisons, résumées, me déterminèrent à marcher vers Königgrätz, après avoir attiré à moi le corps du général Nassau. Ce n'étaient pas encore là tous les embarras de ma fâcheuse situation. Mes dernières lettres de Prague portaient qu'il y avait de la farine pour six semaines pour la garnison, mais pas davantage. Cette garnison était augmentée, depuis, de trois bataillons et de cinq escadrons; dès que je voulais marcher vers Königgrätz, je me voyais hors d'état de ravitailler Prague. S'il y avait eu pour trois mois de vivres dans la ville, j'aurais laissé la garnison dedans et tout ce qui en dépendait ; mais, me voyant hors d'état de la pouvoir secourir en six semaines, je fus obligé, pour sauver la garnison, de donner encore le même soir les ordres pour lui faire évacuer la ville, dirigeant sa marche par Leitmeritz, Böhmisch-Leipa, à Friedland. Le lendemain, je fis un mouvement avec l'armée qui m'approchait de l'ennemi — que je ne pouvais attaquer à cause des lacs — ; je m'y tins le lendemain, ce qui donna au général Nassau la faculté de gagner Neubydzow; alors je marchais vers Nechanitz, où