<42>

Autrichiens sont effectivement en guerre ; que, si la Prusse les attaque, ils ne peuvent faire brusquement la paix, que cette campagne s'écoule, que la Prusse a de quoi faire trois campagnes: si elle emploie cet argent actuellement, elle mettra par là les Autrichiens bien bas. Et que, si l'on ne se sert pas actuellement de tous les avantages, le cas sera bien différent lorsque les Autrichiens attaqueront le roi de Prusse, la paix étant générale, ce dernier ne trouvant personne pour faire diversion à la reine de Hongrie, et n'ayant guère plus de ressources qu'il en a actuellement, ou plutôt moins, et les garants de son traité peu ou point disposés de le secourir.

L'on ne doit jamais hasarder le certain pour l'incertain. On tient la Silésie: si l'on recommence la guerre, on remet au hasard ce qui est déjà décidé. Sans compter que le chapitre des accidents est fort vaste, et que la fortune des armes est journalière.

7° Je conviens que ce principe est vrai : qui sta bene, non se muove; mais il s'agit de distinguer une sécurité momentanée d'une sûreté réelle. J'ai assez fait sentir que la situation du roi de Prusse n'est qu'un état de suspens, que les projets sont formés contre lui, les batteries dressées, et que l'on n'attend que le moment d'être hors d'embarras, pour s'en prendre à lui. C'est justement ce moment qu'il faut prévenir. La guerre donc qu'il convient que le roi de Prusse fasse, est une guerre forcée, pour prévenir les mauvais desseins de ses ennemis. Je ne dis point de mauvais desseins cachés, mais authentiques, clairs, et qui sautent aux yeux. Si sa situation n'est pas des plus favorables pour attaquer, il doit savoir que, plus il attend, et plus elle deviendra mauvaise, et qu'ainsi de nécessité il faut faire vertu, et couronner l'œuvre de la Silésie en y ajoutant la solidité, et la sûreté à cette conquête.

Eigenhändig.