1302. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Berlin, 5 janvier 1744.
La présente n'est que pour vous dire que, par des lettres de Vienne qui me sont venues de très bonnes mains, je viens d'être averti, d'une manière à n'en pouvoir douter, que le comte d'Ulfeld, après avoir fait venir chez soi le sieur Lantschinski, avait communiqué à celui-ci les pièces justificatives que le marquis de Botta a présentées à la reine de Hongrie, et que Ulfeld avait remis en même temps à Lantschinski un écrit en forme de mémoire de la cour de Vienne, par lequel celle-ci prétend de justifier également sa conduite avec celle de son ministre, le marquis de Botta, lequel on déclare nettement pour innocent de tout ce qu'on avait voulu lui imputer, et ne laisse voir aucune satisfaction pour l'impératrice de la Russie, sinon que, si la cour de Russie fournissait encore d'autres preuves à la reine de Hongrie contre le marquis de Botta, celle-ci voudrait bien alors faire examiner le procès par des jurisconsultes et criminalistes allemands, article pourtant sur lequel ladite Reine n'était pas encore fort décidée si elle voudrait pousser sa complaisance si loin vers l'Impératrice.
Comme le sieur Lantschinski doit avoir fait d'abord son rapport à sa cour de tout ce que dessus, et qu'il ne saura pas manquer que l'Impératrice ne soit extrêmement indignée d'un tel procédé, mon intention est que vous devez être bien vigilant sur ce qui se passera sur ce sujet, et que vous ne devez négliger aucune occasion convenable de bien souffler au feu et d'y mettre tant d'huile par vos amis confidents qu'il n'y ait plus d'espérance à la Reine de se pouvoir jamais rapatrier avec l'Impératrice. Vous vous y prendrez avec toute la dextérité possible, sans vous commettre pourtant trop, et vous ménagerez autant qu'il faut ce que je viens de vous mander.
Federic.
Nach dem Concept.
<3>