1368. [RÉFLEXIONS.]66-1

[Berlin, 30 mars 1744.]

Pour exécuter mon projet contre la reine de Hongrie, la première chose est d'être bien ancré avec la Russie, pour la faire entrer dans le plan que je me propose, à savoir: culbuter les Bestushew, rappeler Keyserlingk, voir jusqu'à quel point l'on pourra disposer l'Impératrice de pousser sa pointe contre la reine de Hongrie, soit avec quelques milliers de Kalmouks, ou seulement des menaces ; obliger la Saxe à concourir à mes vues sur la Bohême, ou du moins à n'y apporter d'empêchement; faire l'alliance avec la Russie et la Suède.

En France, réponse à Rothenburg qu'il s'est trop précipité dans sa commission ;0 qu'il faut de nécessité, avant que je fasse mon alliance avec la France, que celle de Suède et de Russie l'ait précédée, que la France donne une garantie positive de mes autres États, la Silésie principalement; qu'elle me garantisse, positivement et non conditionnellement, le morceau de la Bohême selon le cours de l'Elbe; qu'on y ajoute la seigneurie de Pardubitz, les villes de Kolin, Kuttenberg, Czaslau, Chrudim et Hohenmauth, moyennant quoi je renoncerai à mes prétentions sur la Frise en faveur de l'Électeur palatin, qui alors pourra renoncer au Haut-Palatinat en faveur de l'Empereur. Que la France fasse marcher son armée de la Moselle en Westphalie, pour couper l'électorat d'Hanovre ; qu'elle prenne Fribourg, à l'ouverture de la campagne; j'agirai au mois d'août, si tout cela est réglé ; de cette façon, j'entrerai avec un puissant corps en Bohême, je prendrai Prague et tâcherai de m'emparer de Budweis, et marcherai avec l'armée vers Pilsen, où nous nous battrons et prendrons, ensuite, les quartiers d'hiver en Bohême, tandis qu'un autre corps prendra Olmiitz. Lorsque l'armée autrichienne quitte le Rhin, il la faut d'abord faire suivre par les Impériaux, qui reprendront la Bavière en même temps que nous les battrons.

L'alliance avec l'Empereur et la France va fort bien; mais comment peux-je procurer à l'Espagne les conditions qu'elle demande?66-2 Je ne saurais lui prêter la main; tout ce que nous pouvons faire, c'est de pousser jusqu'au Danube et de ne faire la paix que lorsque l'Empereur, la France et moi serons satisfaits. Pour moi, je suis persuadé, qu'une bonne bataille gagnée et une marche vigoureuse de mes troupes et de celles de l'Empereur, les unes aux confins de la Bohême, à l'Autriche, les autres jusqu'à Linz, finirait la guerre.

Ainsi donc, il faut préparer tous les matériaux pour cette alliance, et tenir tout prêt pour que, dès que mon alliance avec la Russie sera faite, on puisse signer tout aussitôt; ce que la France peut aider à <67>accélérer par Chétardie et Lanmarie, en leur donnant des ordres en conséquence.

Je ne vois point en quoi ceci peut altérer les arrangements de la campagne des Français. Je ne puis agir, ces préalables établis, qu'au mois d'août; ainsi la France peut, ceci établi, aller son train, sans que cela ne la déroute en rien.

Rothenburg dit que c'est à présent le temps de m'allier à la France, ou jamais; il ne voit point que cette guerre est bien loin d'être finie; que pour l'abaissement de la Reine la France aura toujours besoin de moi, et que, si mes affaires ne s'arrangeaient pas de façon à frapper le coup cette année, la suivante ne serait pas moins favorable.

Eigenhändig.



66-1 Vergl. Nr. 1369. 1370.

66-2 Rothenburg berichtet, Paris 16. März, der vierte Artikel seiner Vorschläge (vergl. oben S. 44 Anm. 1) sei mit der Massgabe angenommen worden, dass er auch auf die Alliirten Frankreichs Ausdehnung finden solle, „c'est-à-dire l'Empereur et Sa Majesté Catholique, pour lesquels la réciprocité aura aussi lieu, touchant les avantages que le roi [de France]. ura stipulés pour eux.“