1440. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.

Potsdam, 15 mai 1744.

Votre relation datée du 23 d'avril passé m'a été bien rendue. J'espère que par les dépêches que vous m'enverrez par le lieutenant Ihlow <140>vous m'apprendrez en détail les obstacles qui se rencontrent au déplacement du Ministre, et de ce que j'en aurai à la fin à attendre. Sur la demande que vous me faites d'un projet de l'alliance défensive à conclure entre moi, la Russie et la Suède et des articles séparés et secrets, je vous dirai que, comme il n'y a personne qui soit mieux informé que vous de mes intentions sur l'alliance en question, et que je vous ai déjà particulièrement instruit par ma lettre du 3 de ce mois sur tout ce qui doit entrer dans le traité de l'alliance en question, mon intention est que vous deviez vous-même coucher le projet de ce traité et de ses articles secrets et séparés, selon les instructions que je vous ai données à ce sujet, et qu'alors vous deviez négocier sans délai sur ce projet. Je sais bien que c'est contre la forme ordinaire qu'un ministre fasse luimême le projet d'un traité sur lequel il doit négocier, mais comme vous êtes au fait de mes intentions et que par la connaissance parfaite que vous avez de la cour où vous êtes, vous jugeriez le mieux jusqu'où vous pourriez pousser mes demandes, je vous autorise et vous ordonne même de faire vous-même le projet de ce traité et de ses articles secrets et séparés et de lui donner telle forme que vous trouverez convenable aux circonstances, étant parfaitement persuadé que vous vous en acquitteriez dignement et à ma satisfaction.

Du reste, vous avez bien fait de n'avoir pas fait connaître à la princesse de Zerbst certaines dispositions que j'ai en faveur de la prévôté de Quedlinbourg ; ce ne sera point autrement que dans la dernière nécessité que vous en ferez usage, et selon les négociations que j'ai fait entamer avec la prévôté, j'espère encore qu'elle se résoudra de faire un troc de la coadjutorerie de Quedlinbourg en faveur de ma sœur cadette la princesse Amélie contre la coadjutorerie de Herford.

Federic.

Nach dem Concept.