1641. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Schweidnitz, 9 décembre 1744.
Mon cher Podewils. Je vous jette ici sur le papier toutes sortes de projets craqués, que vous pouvez travailler et finir; je crois du moins qu'il y a celui qui regarde l'Angleterre, qui pourrait être employé le plus utilement.
Le cas est tel que les Autrichiens sont entrés dans le pays de Glatz (d'où on les va chasser incontinent), et dans quelques endroits de la Haute - Silésie, ce qui est une infraction manifeste du traité de Breslau: ce qui nous donne le moyen de demander aux Anglais le secours qui est stipulé dans le traité; et je suis d'avis qu'il le leur faudrait demander dans le temps des premières séances du parlement, pour que toute la nation fût obligée de se déterminer là-dessus. S'ils nous paraissent favorables, c'est un grand pas vers la paix; s'ils nous paraissent contraires, je ne paye plus les dettes de l'Empereur défunt. Il faut bien distinguer entre les parties belligérantes et les auxiliaires ; si l'on vient à confondre ces deux points, j'ai autant de droit d'attaquer la Saxe qu'en a la reine de Hongrie d'attaquer mon pays.
Il faudra ensuite convenir avec Belle-Isle338-1 sur des propositions de paix justes et équitables, dont il faudra faire parade à Londres, à la Haye et à Pétersbourg ...
Peut-être parviendrait-on aussi à quelque chose par la Russie, en les flattant de la médiation, et, en cas que tout ceci manque, j'ai la ressource de faire, au printemps qui vient, une campagne vigoureuse, qui mettra nos ennemis dans le même embarras que celui d'où ils viennent de sortir.
Adieu, je serai dans quelques jours à Berlin; ne vous imaginez pas, sur le bruit des misérables gazettes, que moi ou mes troupes nous sommes conduits d'une façon indigne; bien loin de là, je crois que les ennemis avoueront le mal que nous leur avons fait; mais ou il fallait voir périr l'armée ou quitter la Bohême, il n'y avait plus de milieu. Je crois que les gens sensés approuveront le parti que j'ai choisi.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
<339>338-1 Welcher als militärischer Bevollmächtigter Frankreichs in Berlin angemeldet war. Vergl. S. 326.