1667. AU ROI DE FRANCE A VERSAILLES.
Berlin, 26 décembre 1744.
Monsieur mon Frère. A mon retour de Silésie, où j'ai donné des ordres pour purger les pays d'une invasion des ennemis, j'apprends avec une surprise et une douleur extrême que le maréchal de Belle-Isle vient d'être pris et conduit prisonnier par les Hanovriens. Votre Majesté sent combien ce coup vient mal à propos pour toutes les mesures qu'il y avait à concerter. Je La prie de vouloir m'envoyer quelqu'un de confiance qui soit instruit des ordres qu'avait le maréchal de Belle-Isle ; que Votre Majesté ait la bonté d'y ajouter Ses sentiments sur les propositions de paix que l'on pourrait aventurer, sur les opérations de guerre de l'année prochaine, et, comme j'ai quelque lueur d'espérance de pouvoir gagner la Saxe, je La prie d'autoriser la même personne et de la munir de pleins-pouvoirs soit pour les avantages que ces gens voudraient avoir, soit pour des subsides, afin que, si je réussis, l'affaire puisse se finir tout de suite. Votre Majesté sent trop l'importance qu'il y a de saisir un moment comme celui-là. Si nous le laissons échapper, il ne reviendra plus. Je suspends d'ailleurs mon jugement sur l'affaire du maréchal de Belle-Isle ; Votre Majesté saura mieux que personne la façon dont il Lui <374>convient de la prendre. Les Autrichiens veulent faire, cet hiver, une invasion en Bavière. J'en ai averti l'Empereur, il faut de nécessité qu'il assemble des troupes pour en prévenir les effets.
Je ne puis cacher d'ailleurs à Votre Majesté les nouveaux mécontentements que me cause tous les jours la conduite du maréchal de Schmettau ;374-1 j'apprends de tout côté qu'il agit sans mes ordres et contre ses instructions. J'en suis au désespoir et je ne comprends pas comment cet homme s'abandonne si aveuglément à son imagination.
Je suis avec tous les sentiments imaginables etc.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
374-1 Vergl. unten Nr. 1673.