1826. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Quartier Camenz, 6 mai 1745.
On dirait que l'impératrice de Russie est l'arbitre de l'Europe, à voir comme les Saxons vont accuser à son tribunal les puissances étrangères. Quand même j'aurais fait de nouveaux impôts sur l'Elbe, ce qui est cependant un fait absolument controuvé, quelle Jurisdiction l'Impératrice a-t-elle sur moi? En un mot, je vois que tous ces ministres russiens sont de vrais instruments d'iniquité; vous ne leur offrirez ni donnerez rien de ma part. Vous pouvez assurer Woronzow que, tant que j'aurai un souffle de vie, le roi de Pologne ne deviendra pas empereur; ce ne peut être pour cette fois que le Grand-Duc. Vous en êtes surpris, mais le Saxon me convient moins, tant par son voisinage que par la haine implacable qu'il a contre moi, et par la puissance que cette nouvelle dignité lui mettrait entre les mains; il faudrait d'ailleurs s'engager dans de nouvelles affaires par rapport à la Pologne, ce qui pourrait me mener trop loin. Il s'agit à présent de choses infiniment plus importantes; ou j'aurai dans peu la paix par la médiation de l'Angleterre, ou la guerre s'allumera plus vivement que jamais. Les Autrichiens et les Saxons viendront m'attaquer en Silésie, et, après les avoir battus, j'entrerai en Saxe, arrive ce qui en pourra, et vous le direz à vos deux idoles d'un air décisif et à leur faire comprendre que ni leurs menaces ni les mesures vigoureuses qu'ils pourraient prendre, ne me feront changer d'avis. Je suis excédé par l'impertinence des Saxons, et s'ils comblent leur mesure, il est juste qu'ils boivent la coupe de ma colère jusqu'à la lie. Voilà ce que je puis vous apprendre pour votre information particulière, et m'en remets, sur une infinité de détails, à ce que mon ministère a ordre de vous communiquer.
Federic.
Nach dem eigenhändigen Concept. Das Datum aus der Abschrift der Cabinetskanzlei.
1827. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRER A PARIS.
Quartier général de Camenz, 6 mai 1745.
Les ministres de France n'ont pas le sens commun. Ils parlent si superficiellement des affaires que c'est une pitié, et la prédilection incompréhensible qu'ils ont pour la Saxe, nous brouillera infailliblement tôt ou tard. Si ces gens m'attaquent, il faut que la France me donne des secours réels, ou bien je me vengerai de son infidélité.
Vous saurez à présent que l'électeur de Bavière a fait sa paix. Voilà une diversion en fumée ! Je ne compte pas plus sur celle du prince de Conty, et tout le fruit que je retirerai des secours de la France, c'est que, manquant toujours leur coup, ils tirent les épaules et déplorent leurs sottises: à quoi cela me mène-t-il? Des promesses magnifiques, point