1839. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Camenz, 14 mai 1745.
Mon cher Podewils. J'ai reçu votre lettre, et pour répondre à tous les articles, je vous dirai que j'ai bonne espérance de la négociation d'Andrié, que cela peut aller, à vue de pays, plus ou moins vite, mais que je ne désespère pas de la voir réussir, surtout si le roi d'Angleterre vient en Allemagne. Mais en tout cas, c'est un article sur lequel il m'est impossible d'aller plus loin que j'ai été. Dans la circonstance présente il est assurément nécessaire qu'Andrié suive la cour. J'avoue que je ne suis en aucune façon porté pour le duc de Lorraine ni pour le roi de Pologne; mais après la négociation que j'ai entamée en Angleterre, il ne me conviendrait point de m'engager autre part, avant que d'en voir l'issue; c'est pourquoi j'évite, autant que je le puis, de donner aveuglément dans les vues des Français, avant que de savoir à quoi m'en tenir avec l'Angleterre.
Si ces cordes nous manquent, il faudra prendre des subsides et en passer par tout ce que voudront les Français.
Eichel vous enverra la copie de ma lettre au roi de France, et la réponse à son mémoire,1 qui sera conçue en termes vagues et mesurés aux circonstances où je me trouve.
Il paraît, par tout ce que j'en puis juger, que le dessein des Saxons n'est point de m'attaquer en Silésie, et sans eux les Autrichiens n'oseront point paraître. Si j'en dois juger par les manœuvres des ennemis, il y a grande apparence qu'ils ont accepté en partie ou en détail les propositions que je leur ai faites, et que nous parviendrons à un accommodement honnête; mais je ne puis point garantir à mes conjectures, et il faut attendre le reste du bénéfice du temps. Adieu, travaillez la tête libre, sans voir trop noir ni sans vous aveugler sur notre fortune.
Je suis votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
1840. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
[Camenz, mai 1745].
Il y a trois points qui peuvent redresser toutes les affaires. Le premier, c'est de faire agir le Turc, le second de gagner le roi de Sardaigne, et le troisième, si l'on ne veut faire une diversion en ma faveur, de me payer de gros subsides. Il faut démontrer que la campagne de Flandre ne peut point porter le nom d'une diversion, puis-
1 Nr. 1844.