<184> n'envoyer que de petits partis de hussards et de les obliger à se retirer à la première approche des ennemis ; le tout pour entretenir leur sécurité. Le 31 de mai et les 1er, 2 et 3 de juin furent employés par le Roi à reconnaître tous les terrains par où l'ennemi pouvait déboucher, l'intention de Sa Majesté ayant été dès le commencement à ne point s'amuser à défendre une chaîne de montagnes de seize milles d'Allemagne de longueur, mais de bien recevoir l'ennemi au déboucher. Le 3, Sa Majesté se porta, le matin, sur les hauteurs du camp du général du Moulin. Elle remarqua que beaucoup de cavalerie de l'ennemi avait déjà débouché l'après-midi; Elle vit que l'ennemi s'avançait avec de grosses colonnes de cavalerie et d'infanterie dans la plaine de Friedberg et de Rohnstock; sur quoi, Elle ordonna à l'armée de marcher, le soir à huit heures, jusqu'à Striegau, et au général du Moulin de se poster avec ses 40 escadrons et 7 bataillons de l'autre côté de Striegau sur des monticules voisins. Les ordres furent bien exécutés, l'armée arriva, sans bruit et sans faire des feux, à minuit aux postes qui lui étaient assignés.
Le 4, à deux heures du matin, le Roi assembla tous les principaux officiers de l'armée et fit la disposition de la bataille.
A deux heures et demie, l'armée se mit en marche pour attaquer l'ennemi, marchant par lignes et défilant par la droite. Le Roi n'eut pas passé le défilé du ruisseau, que le général du Moulin le fit avertir qu'il voyait sur le flanc de l'armée quelques bataillons postés sur une hauteur auprès d'un moulin à vent ; il donna en même temps une grande marque de sa capacité, en occupant d'abord une hauteur qui était visà-vis de l'autre.
Auprès de ces 7 bataillons se forma la droite de notre cavalerie, et le maréchal de Buddenbrock et le lieutenant-général de Rothenburg y firent la plus belle manœuvre de guerre que l'on puisse faire, en postant la cavalerie très avantageusement; un petit bois était à la gauche de cette cavalerie, que le prince Thierry d'Anhalt occupa d'abord avec trois bataillons de grenadiers. Le Roi forma son infanterie, joignant ce bois et tirant vers la gauche, mais le terrain ne lui permit pas de mettre du commencement plus de 15 bataillons des 32 qu'il avait dans la première ligne, en bataille. H découvrit en même temps que les Autrichiens se formaient vis-à-vis de lui et que leur cavalerie avançait effectivement. Il fit presser le général Nassau d'arriver au plus tôt avec l'aile gauche de la cavalerie sur un pré qui aboutissait à un ruisseau où il forma l'extrémité de la gauche. En même temps, M- de Kalckstein, général d'infanterie et qui commandait la seconde ligne, fit avancer quelques bataillons pour renforcer le général du Moulin; sur quoi, le prince Léopold attaqua l'infanterie saxonne dans un bois marécageux et y fit des prodiges de valeur. Le bataillon des grenadiers des gardes, commandé par le lieutenant-colonel de Wedell, chassa l'ennemi de ses marais à coups de bayonnette et sans tirer un coup — c'est ce