<195> présent que l'armée des alliés de Varsovie a été maltraitée en Silésie, comme vous saurez à présent par la relation qui en a été publiée et dans laquelle il n'y a absolument rien de brodé ni d'exagéré; aussi attends-je avec impatience votre relation sur l'impression que cette victoire a faite sur l'esprit de l'Impératrice et sur celui de ses ministres, de même que de la façon dont les ministres saxons, anglais et hollandais s'expliquent, et des insinuations qu'ils feront là-dessus aux ministres russes. Quant à ce qui se passe ici, je vous dirai qu'en faisant suivre continuellement l'armée ennemie, elle a été repoussée en Bohême jusque derrière de Königgrätz, d'où je tâcherai encore de la débusquer, pour lui faire quitter les magasins considérables qu'elle y a, afin de la mettre par là hors d'état de ne pouvoir rien entreprendre, cette campagne, contre la Silésie.

Avec tout cela, je veux bien vous dire en confidence, et pour vous mettre au fait de ma véritable façon de penser, que ma victoire, toute complète que, grâce à Dieu, elle a été, ne me rendra pas ni dur ni orgueilleux envers mes ennemis, qui sont venus m'attaquer de la manière la plus injuste et contre tout droit et raison; que je ne pense point d'ailleurs à faire de grandes conquêtes sur eux et que je ne refuserai pas même un accommodement avec eux, pourvu qu'ils m'en parlent et m'offrent des conditions raisonnables et honorables; mais qu'aussi, s'ils ne veulent point entendre raison, je les pousserai à bout.

Federic.

Nach dem Concept.


1886. AU CONSEILLER ANDRIÉ.1

Camp de Dumckow, 18 juin 1745.

J'ai été fort surpris de voir, dans le post-scriptum de votre relation du 1er de ce mois, que vous n'ayez point suivi immédiatement le lord Harrington, lorsque celui-ci est parti pour Hanovre, bien que vous m'ayez assuré vous-même que vous hasarderiez de prendre sur vous ce voyage, et que j'aie approuvé, incontinent après, la résolution que vous aviez prise à ce sujet, il faut absolument que la tête vous ait tourné, lorsque vous avez pensé que la situation de mes affaires n'avait point exigé. de partir pour suivre le lord Harrington, sans attendre mes ordres exprès, vous qui m'avez mandé que le lord Harrington s'attendait de ]our en jour à une réponse finale de la cour de Vienne, qu'il aurait fait arrêter ses dépêches en Hollande, où il les trouverait à son passage, et qu'il se flattait qu'à son arrivée en Allemagne il serait plus en état d'acheminer l'affaire en question à sa perfection. Enfin, il faut que je vous dise nettement que je suis très mécontent de l'action inconsidérée que vous venez de commettre, et qui sent la bêtise la plus grossière du monde et dont vous devriez rougir de honte ; aussi aurez-vous raison



1 Andrié war am 15. Juni im Haag und traf am 20. in Hannover ein.