1889. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Camp près de Nahorzan, 19 juin 1745.
Je n'approuve point que votre neveu soit chargé de commissions pour Hanovre: 1° puisque cela ne laisserait pas que de donner de grands soupçons aux Français; 2° puisque cela aurait un air d'empressement qu'il faut éviter sur toute chose, et qu'en troisième lieu, tout l'univers mettrait le doigt sur mes intentions, si l'on me savait deux ministres à la fois à Hanovre dans un temps de crise. En revanche, je trouve très bien que votre neveu s'arrête deux ou trois jours à Hanovre, qu'il fasse des insinuations vagues et comme de ses propres sentiments à Harrington, mais qu'il poursuive ensuite son chemin. Il m'est impossible de vous dire si nous pourrons tirer avantage de notre situation ou si cela ne réussira pas, mais il faut, pourtant, faire des tentatives pour voir si je ne puis pas m'indemniser des frais de la guerre d'une façon ou d'autre, et assurément nous n'obtiendrons rien que par le besoin que nos ennemis croiront avoir de nous. Les nouvelles que les Saxons débitent, qu'ils sont bien aise de me voir enfoncé en Bohême, sont simplement pour cacher la honte de leur fuite; soyez persuadé qu'il y à une si grande terreur parmi leurs troupes réglées et légères qu'ils n'ont pas le cœur de tenir ni d'approcher de nous. C'est à savoir si à Vienne et à Dresde on est bien instruit de la vérité de ces faits, auquel cas ils penseront assurément bien différemment que ne le marquent leurs papiers publics. Dès que les ennemis seront délogés de Königgrätz, je n'ai plus rien à craindre pour la Silésie, et je puis fourrager ici tranquillement à leurs dépens, ce qui est un grand article et qui me ménage de grosses sommes.
La Saxe n'a rien fait proposer jusqu'ici, il faudra voir à quoi les Français pourront les déterminer, mais je ne tourne pas mes attentions de ce côté-là. Le prince de Conty est encore en état de bien recevoir M. de Traun; pourvu qu'il l'amuse, cela suffit pour le moment présent. Enfin, voilà mes sentiments en gros; à savoir comment on pourra les effectuer, c'est ce que le temps et les conjonctures nous feront voir. Adieu.
Federic.
Nach dem eigenhändiges Concept. Das Datum aus der chiffrirten Ausfertigung.
1890. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
[Camp de Divetz], ce 25 [juin 1745]
Mon cher Podewils. J'ai bien reçu votre lettre et je vois que vous entrez parfaitement dans mes idées. Il faut espérer que les conjonctures nous favoriseront, et que l'arrogance et l'orgueil insupportable de la maison d'Autriche sera abaissé. Nous agissons ici avec une supériorité entière; toutes leurs troupes légères ni leurs partis n'ont plus le cœur