1899. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
[Camp de Divetz], 5 juillet 1745.
Mon cher Podewils. Les lettres d'Hanovre ne me paraissent guère édifiantes, le discours que Hyndford a tenu à Pétersbourg, déchiffre la conduite de Harrington. Eichel vous enverra la copie des ordres que j'ai envoyés à Andrié. Il semble, par ce que j'en puis juger, que mon cher oncle est dans la rage d'un homme qui a pensé se venger et qui n'y a pas réussi; son ministre paraît être un homme faible, qui sent bien le bon parti qu'il y aurait à prendre, mais qui n'a pas la force de choisir les moyens propres pour y réussir. La cour de Vienne est étourdie du coup que je lui ai porté; elle cherche de vaines ressources, pour réparer ses pertes, mais je ne les crains point. La cour de Dresde est dans la fureur impuissante qu'inspire la jalousie, la Reine regimbe de sentir son orgueil humilié, le Jésuite1 s'en prend aux Saints, et Brühl laisse massacrer les troupes' de son cher maître, sans s'en embarrasser beaucoup . . .
Les Français paraissent traitables sur ce point qui nous intéresse si fort,2 et il est à croire que les Hollandais, dégoûtés de leurs dépenses et de la poltronnerie de leurs troupes, penseront sérieusement cet hiver à tirer leur épingle du jeu.
Je conclus de tout ceci que, si les choses restent dans l'état présent, nous n'aurons point de paix à espérer avant l'hiver prochain; alors, après la défection des Hollandais, les Anglais se sentiront trop faibles pour porter seuls le fardeau d'une guerre ruineuse et qui ne les avance point dans leurs affaires. La Russie négociera beaucoup, recevra encore plus d'argent du tiers et du quart, mais ne fera rien. De tout cela je conclus qu'il faudra prendre les subsides français, rappeler Andrié dans quatre semaines, si on ne lui propose rien, et envoyer un secrétaire à sa place; car je ne veux point me faire leurrer, ni faire des démarches qui me rendent la dupe de gens qui ne sont en vérité pas faits pour me tromper.
Je puis vous dire en général que nos affaires vont très bien, que nos partis battent encore toujours ceux des ennemis, mais que nous ne pouvons les attaquer à cause de la force de leur poste. Vous pouvez compter que je ferai ici tout ce qui dépendra de moi, pour avoir bon compte des Autrichiens; j'ai détaché Nassau en Haute - Silésie, pour purger cette province des Hongrois qui l'infestent; et quand même les Autrichiens recevraient des secours, nous ne craindrons pas de nous battre: c'est sur quoi vous pouvez compter, et cela sans la moindre gasconnade.
Fr.
Nach dem eigenhändigen Concept
1 Guarini.
2 Die Subsidienforderung.