<29> et il ne faudra point hésiter à le déclarer non seulement à l'Empire, mais aussi à toute l'Europe. Il me semble qu'une pareille démarche, soutenue avec fermeté, pourrait dans le commencement suffire pour faire connaître qu'on n'est point d'humeur de renoncer à des droits si respectables, sans obtenir une satisfaction raisonnable.
Mais il me semble qu'il faudrait se contenter d'abord de ces précautions générales, sans prendre des titres qu'on ne peut guère se flatter raisonnablement de pouvoir soutenir, et qui n'ajoutent ni ôtent rien de la force de ces prétentions, mais qui pourraient être sujets à de terribles inconvénients, si on n'est point en état de les soutenir.
Voilà ce que je pense sur l'idée du sieur de Chavigny que le jeune Électeur devrait se faire proclamer roi de Bohême. Je doute fort que la France approuve cette façon de penser. Un vain titre ne donnerait pas plus de droit à ce jeune Prince qu'il n'en a déjà, et quelle apparence y a-t-il qu'il puisse jamais parvenir à la possession du royaume de Bohême? Une pareille démarche d'éclat serait d'abord capable d'attacher le roi de Pologne plus que jamais à la cour de Vienne et de lui faire rejeter tous les partis qu'on pourrait lui proposer, avec le temps, pour lui faire abandonner les intérêts de la reine de Hongrie et embrasser ceux du jeune Électeur. Sans compter que ce Prince, en prenant le titre de roi de Bohême, se trouverait entièrement isolé et hors de tout commerce et correspondance, tant avec les autres Électeurs et États de l'Empire qu'avec toutes les cours étrangères, excepté peut-être la France; ce qui, dans la situation présente des affaires, est le plus grand inconvénient qui lui pourrait arriver, surtout dans l'Empire, quand il s'agirait de faire valoir ses droits électoraux et ceux du vicariat, personne ne voulant reconnaître sa qualité de roi de Bohême ni avoir sur ce pied-là commerce, correspondance et communication avec lui, tandis qu'il se serait mis dans la fâcheuse situation d'être obligé de soutenir un titre qu'il aurait pris mal-à-propos, et dont peut-être il faudrait se laisser dépouiller avec le temps.
J'avoue que moi-même, je serais fort embarrassé à cet égard, puisque vous savez que, depuis la paix de Breslau jusqu'à la mort de l'Empereur, j'ai évité toujours soigneusement de lui donner le titre de roi de Bohême.
Ainsi vous n'épargnerez rien, tant auprès du ministère du jeune Prince que même auprès du sieur de Chavigny, pour rectifier ces idées, ou pour qu'au moins on ne se précipite point dans une pareille démarche, mais qu'on consulte et se concerte préalablement là-dessus avec tous ses alliés. Je crois au moins que c'est le parti le plus sage qu'on peut prendre d'abord.
Un article qui mérite encore une très grande attention est le vicariat de l'Empire.
Vous savez que, par la dernière capitulation, il a été statué que la diète de l'Empire continuerait pendant l'interrègne sous l'autorité de