<295> quoi, le Roi ordonna à l'armée de se tenir prête à marcher le lendemain pour se camper dans une espèce de plaine entre Arnau et Trautenau.
Le 30, à cinq heures du matin, comme les généraux du jour recevaient les ordres du Roi pour la marche, nos hussards vinrent nous avertir que l'on voyait un gros de hussards ennemis sur une hauteur, à un quart de lieue de notre camp.
Un moment après, les grandes-gardes de cavalerie firent avertir que l'on voyait des colonnes.
Sur le champ, le Roi donna ordre à l'armée de prendre les armes. Ce qui s'exécuta avec tant de promptitude que beaucoup de bataillons ne détendirent pas même leurs tentes.
Le Roi se porta d'abord à la droite, d'où l'on pouvait apercevoir la tête des Autrichiens, qui se formait sur des hauteurs à notre flanc droit.
Il n'y avait donc d'autre parti à prendre que des résolutions vigoureuses et beaucoup de vigilance dans l'exécution. Comme on avait toute son attention sur l'ennemi, on pensa peu au bagage. Le Roi en chargea un officier, qui s'en tira fort mal. Mais doit-on penser à quelques misérables bagages, quand il s'agit de gloire et des plus grands intérêts? On ne pensait ni au nombre de l'ennemi, ni à sa position avantageuse, mais à le combattre et à le vaincre.
Notre cavalerie de la droite se forma sous la batterie des ennemis.
Le maréchal de Buddenbrock et le général de Goltz attaquèrent cette aile de cavalerie avec douze escadrons, la culbutèrent sans peine, et la rejetèrent sur sa seconde ligne. Toute cette gauche de la cavalerie ennemie fut battue et chassée dans un bois, au travers duquel elle s'enfuit et ne reparut plus.
Alors notre infanterie attaqua la montagne où il y avait la grande batterie, et ne l'emporta qu'à la troisième attaque.
L'infanterie ennemie, qui se vit prise en flanc, abandonna son canon et se sauva au delà d'un défilé sur une autre hauteur, et jeta de l'infanterie dans un bois qu'il nous fallait passer pour les attaquer de nouveau.
Pendant que ceci se passait à la droite, la gauche se formait, et le Roi la refusa à l'ennemi jusqu'à ce que l'on vît le succès de la droite. Alors, le second bataillon de Kalckstein quitta le village de Burkersdorf, toute l'aile gauche s'ébranla, et l'affaire devint générale.
Nos gensd'armes, les régiments du prince de Prusse et de Kyau, marchèrent pour renforcer la gauche de notre cavalerie. L'infanterie de la droite força le bois et déposta les ennemis de leur seconde hauteur.
L'infanterie de la gauche attaqua une autre hauteur et un bois, en chassa l'ennemi, et ces deux ailes, victorieuses dans ces trois combats, furent obligées de passer encore un fond et d'attaquer pour la quatrième fois quelques troupes fraîches de l'ennemi, qui garnissaient ce poste.