<333> échouer les intrigues de la Saxe, en l'assurant que je ne ferai jamais de paix avec la reine de Hongrie que celle que l'Angleterre moyennerait. Il m'a semblé, de plus, qu'il était de mes intérêts de communiquer au lord Harrington le précis de ce que Chambrier mande de la négociation du cardinal Tencin, en lui insinuant que, vu le pli que prennent les choses de l'Europe, je croyais que nos intérêts communs, savoir des Puissances maritimes et de moi, demandaient que nous resserrassions les liens de notre union par une alliance défensive, à laquelle on pourrait faire accéder dans la suite d'autres puissances, comme par exemple le Danemark. Si la reine de Hongrie est assez mal avisée pour négocier en France, je me flatte que l'Angleterre la préviendra, et qu'elle sera la dupe de ses finesses.
J'ai fait écrire à Chambrier qu'il devait tâter le terrain, pour voir si l'on ne serait pas disposé en France de faire sa paix avec l'Angleterre, ce qui serait bien plus avantageux qu'avec la reine de Hongrie, qui, abandonnée alors à la merci de la France, serait bien obligée d'en passer par où cette puissance le voudra.
Voilà les moyens dont j'ai cru devoir me servir pour rétorquer contre mes ennemis les flèches qu'ils préparaient pour tirer sur moi; à savoir si quelques-unes de ces insinuations réussiront; c'est de quoi je ne veux pas répondre; il y a toutefois lieu d'espérer qu'à force de frapper à toutes les portes, nous en trouverons une qui nous fournira l'issue de nos embarras. Vous paraissez en peine de ce que le roi d'Angleterre n'a point parlé dans sa harangue au Parlement des affaires étrangères; vous ne le serez plus, s'il vous plaît de considérer que l'objet le plus pressant pour lui étaient sans doute les affaires intérieures de son royaume, et qu'il ne pourra parler de la convention d'Hanovre qu'après avoir reçu une réponse catégorique de la reine de Hongrie; peut-être y a-t-il quelque négociation en France dont il attend l'issue pour la communiquer au Parlement. Voilà la façon dont j'envisage tout ceci.
Je serai mercredi1 à Berlin et je vous prie de vous préparer par des réflexions à me dire votre sentiment sur ces trois objets importants que contient ma lettre, et, en attendant, d'instruire en conséquence nos ministres aux cours étrangères, pour que sans perte de temps chacun >mette la main à l'œuvre. En attendant, ma vaisselle commence à déménager, et je ne sais ce qui en sera, si nous ne trouvons pas dans peu des secours étrangers.
Je suis avec estime votre parfait ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
1 10. November.