<359> Mais comme je ne puis augurer autrement de cette démarche sinon qu'on s'opiniâtrera à ne vouloir point la paix avec moi, je pousserai aussi à mon tour mes opérations en Saxe à bout, et le général Lehwaldt marchera demain vers Meissen, afin de s'emparer de cette place, pour avoir la communication libre avec le vieux prince d'Anhalt. Nous avons ici des nouvelles, par des lettres particulières, que le prince d'Anhalt a pris Leipzig, et que l'armée saxonne s'en est retirée vers Dresde. S'il n'y a pas moyen d'avoir la paix, nous tâcherons d'en débusquer cette armée et de la recogner en Bohême. Vous verrez, par la copie de la dépêche que j'envoie à Mardefeld, la dernière tentative que je fais pour gagner le ministre russien. Si Hyndford fait en même temps les représentations que Harrington a promises à Andrié, j'espère que le théâtre se changera encore en Russie. J'ai été surpris de la proposition que la princesse de Zerbst a été obligée de faire, touchant le rappel de Mardefeld.1 Vous aviserez s'il vaut que la princesse de Zerbst mande en Russie que, ne m'ayant plus trouvé à Berlin, elle n'avait pu me parler du rappel de Mardefeld, ou si on doit répondre que je me prêterai aux désirs de l'Impératrice là-dessus et que je lui enverrai un autre ministre, mais qu'elle permettrait au moins que Mardefeld y continuât à faire ses fonctions jusqu'à ce qu'un autre le puisse relever. Mardefeld s'est trompé en ce qu'il a cru que tout irait bien s'il gagnait la confiance de l'Impératrice et de ses favoris particuliers ; les autres ministres ont négligé ceux-ci et se sont attachés principalement au ministre, ce qui a fait qu'ils ont eu le dessus sur Mardefeld. Il aurait dû mieux connaître le faible caractère de l'Impératrice. Nonobstant cela, il m'a bien servi. B sera nécessaire que nous envoyions au plus tôt possible le sieur de Schrötter qui est nommé à la place de Hoffmann,2 à Varsovie, pour y veiller contre les intrigues des Saxons. Je crois même qu'une manifestation bien écrite de notre part pourrait désabuser les Polonais des mensonges des Saxons. Vous veillerez, de même, que la cour de Vienne et la Saxe ne puissent donner un faux tour à Ja démarche que j'ai été obligé de faire, en entrant en Saxe. Vous com-



1 Podewils hatte am 30. November berichtet, die (am 26. November in Berlin eingetroffene) Fürstin von Zerbst habe ihm eröffnet, „que l'Impératrice lui avait donné une commission fort désagréable, en lui écrivant de Riga de prier Votre Majesté instamment de rappeler Mardefeld, qui était intrigant et inquiet; que tout autre ministre de Votre Majesté lui serait agréable, pourvu que ce ne fût ni Mardefeld ni Vockerodt, parceque le dernier avait un pied trop familier avec Lestocq . . . Qu'elle (la Princesse) était persuadée que c'était un nouveau plat de Bestushew, ennemi juré de Votre Majesté et de Mardefeld, mais que l'Impératrice, qui d'ailleurs pour son personnel voulait plus de bien à Votre Majesté qu'à aucun autre Prince, avait la fatale faiblesse de laisser faire à cet homme-là tout ce qu'il voulait dans les affaires; que depuis la malheureuse chûte de Chétardie le crédit d'un homme pour lequel l'Impératrice avait peu d'estime, n'avait fait qu'augmenter, que depuis le départ de Woronzow il se trouvait seul maître des affaires, n'étant contrôlé par personne, que son frère à Dresde le gouvernait, que l'Angleterre et la Saxe l'avaient gagné.“

2 Der am 29. October gestorben war.