<63> Si vous pouvez faire agréer les meilleurs articles, ce me sera d'autant plus agréable, mais quand même vous ne m'annonceriez que la paix, je serais content de vous. Souvenez-vous que la saison des opérations commence vers la fin d'avril, qu'il est beaucoup plus difficile de faire la paix pendant les opérations qu'avant que de les avoir commencées, que je ne puis me laisser amuser par des réponses et des propos aussi vagues que ceux que vous m'avez envoyés du ministère anglais. Dans cette occasion-ci, il me faut des choses et des réalités au lieu des paroles, et les inclinations que le ministère anglais témoigne en ma faveur ne sont guère utiles s'il ne les réalise en travaillant sérieusement à la pacification de l'Allemagne. Je me flatte donc que vous pousserez cette négociation avec autant de discrétion que de chaleur, pour me mettre promptement au fait de ce que j'ai à espérer du côté de l'Angleterre.
Vous pouvez dire à lord Harrington que j'avais reçu la lettre du roi d'Angleterre,1 touchant le secours stipulé dans la garantie de l'Angleterre sur le traité de Breslau; que, Dieu merci, le bon Dieu avait béni mes armes de façon que les Autrichiens avaient été chassés toute part de la Silésie, avec des pertes assez considérables et sans le secours d'aucun de ceux qui m'avaient promis leur garantie, et qu'actuellement je n'ai besoin d'aucun secours.
Vous pouvez lui dire encore que je ne savais que répondre à la déclaration qu'il vous a faite au nom du Roi et du ministère anglais,2 que j'y voyais beaucoup de paroles et très peu de choses, et qu'à la vérité j'aurais dû m'attendre à une réponse plus amicale de leur part, après les avances et les ouvertures que je leur avais fait faire; qu'en cas que l'Angleterre pense à l'élévation du duc de Lorraine sur le trône impérial, je m'étais offert d'y contribuer, et que lord Harrington aurait pu voir par tout ce que je vous ai mandé dans la dépêche que j'ai faite au comte de Podewils dont je vous ai envoyé une copie,3 combien l'élévation du duc de Lorraine au trône impérial pourrait attirer des suites dangereuses pour mes intérêts; qu'indépendamment de toutes les avances que j'avais faites, je ne pouvais pas croire, vu la froideur et l'indifférence avec laquelle elles ont été reçues, que le ministère anglais fût porté en ma faveur autant qu'il me le veut persuader; que j'ai la confiance à lui, lord Harrington, qu'il pense plus juste sur mon sujet que les autres: c'est pourquoi je le prie de continuer à agir confidemment avec moi et de ne point abuser de la confiance que je mets en lui, en me leurrant de vaines espérances sur les intentions véritables et sincères du roi d'Angleterre et du ministère.
La seule pierre de touche qu'il y a pour connaître l'intention du ministère anglais, est de proposer à lord Harrington de convenir ensemble de quelques articles principaux, et de faire un traité provisionnel qui
1 D. d. London, 25. Januar 1745. Vergl. Bd. III, 360.
2 Vergl. Preussische Staatsschriften I, 641.
3 Oben Nr. 1722.