1715. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam,6 févrie 1745.
Comme je vous ai amplement instruit, par les dépêches que le courrier porteur de celle-ci vous rendra,35-2 sur toutes les matières que vous avez touchées dans vos relations du 23 du janvier dernier, de même que sur mes autres affaires, je n'ai rien à y ajouter, sinon que de réitérer à vous dire que vous ne deviez point témoigner trop d'empressement sur la médiation de la Russie, mais de faire plutôt semblant que nous attendions à savoir préalablement sur quel pied on voudrait faire cette médiation, afin que nous puissions juger si nous la pouvions accepter ou non. Outre cela insinuerez-vous aux ministres russiens que,<36> comme les affaires s'étaient bien changées depuis que la reine de Hongrie n'avait pas hésité d'enfreindre la paix de Breslau par l'invasion qu'elle avait fait faire par ses troupes dans ma Silésie, d'où je les avais néanmoins rechassées, il me faudrait un dédommagement pour tous les dégâts, pilleries, excès et cruautés que les Autrichiens y avaient commis. Et comme vous verrez par la copie que je vous fais communiquer de l'instruction que j'ai donnée à mon ministre à Londres, en quoi consiste proprement le dédommagement que je prétends — savoir la cession du Teste de la Haute-Silésie, les enclavures de la Moravie et les soi-disantes hautes montagnes de la Haute-Silésie y comprises, de même de quelques petites villes autour de la comté de Glatz, à la vérité de très peu d'importance, mais nécessaires à moi pour qu'on ne puisse plus entrer si facilement dans mon pays — mon intention est que vous deviez sonder les ministres russiens et surtout Bestushew là-dessus, en insinuant à ce dernier que, s'il voulait bien appuyer ma demande à la faire réussir, j'étais résolu de reconnaître encore ce service qu'il me rendrait, par une somme de 100,000 écus.
Vous observerez là-dessus encore que, si le Grand-Chancelier promet de nous faire avoir ladite satisfaction telle que je la demande, vous lui offrirez cette somme, mais que, s'il ne s'engage de nous faire avoir qu'une partie de ce que je prétends, vous diminuerez aussi alors là récompense que vous lui promettrez. Au reste, j'ai été bien content des comptes que vous m'avez envoyés, et je ne manquerai pas de vous en envoyer une décharge à la première occasion, laissant le reste de l'argent qui y est encore à votre disposition.
Federic.
Nach dem Concept.
35-2 Ein auf Grund von Nr. 1712, 1713 im Ministerium concipirter Erlass, Berlin 6. Februar.