1730. A LA PRINCESSE RÉGNANTE D'ANHALT-ZERBST A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 19 février 1745.
Madame. Je vous suis infiniment obligé de toutes les marques d'amitié que vous me donnez; je ne doute point, Madame, que, s'il ne dépendait que de vous, toutes les affaires iraient le mieux du monde; mais le grand art des personnes qui ont les talents que vous possédez, consiste à vaincre les difficultés. Il y a longtemps que je me suis douté de ce que vous avez la bonté de me dire, Madame, touchant le caractère de certaine personne; je crois la seconde plus dangereuse que la première, à cause que beaucoup de dissimulation et de fausseté font d'hommes méchants des monstres.
J'ai bien craint pour la santé du Grand-Duc; grâce au Ciel qu'il ait si bien réchappé de la petite vérole. Vous savez, Madame, la part sincère que je prends au sort de toute votre famille; ainsi vous ne douterez point du plaisir que j'ai en apprenant que la charmante Grande-Duchesse a lieu d'être satisfaite; je vous prie de l'assurer des sentiments les plus vifs et les plus sincères de ma part.
On m'a dit qu'un voyageur avait passé incognito par Berlin, ce qui m'a d'abord fait mal augurer de son voyage; il faudra attendre le retour de l'Impératrice pour voir comment cette fusée se divisera.
Je suis avec la plus sincère amitié, Madame, votre très fidèle cousin
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.