1743. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 4 mars 1745.

Les relations que vous m'avez faites à mes mains propres en date du 16 et du 19 de février, m'ont été rendues, avec vos relations ordinaires.

J'approuve parfaitement la réponse que vous avez faite à l'Impératrice, lorsqu'elle vous a témoigné qu'elle désirait d'avoir mon portrait. J'y fais travailler déjà, et, dès qu'il sera achevé, je vous l'enverrai tel que vous me l'avez indiqué, avec le cadre doré. Je l'accompagnerai alors d'une lettre fort flatteuse à l'Impératrice, pour lui demander le sien, et, en attendant que cela puisse arriver, il sera permis à vous de l'annoncer à l'Impératrice ou à ses confidents, si vous le croyez convenable. Quant au cadre d'ambre dont vous m'avez envoyé le dessein, je viens d'ordonner au président de Lesgewang de le faire faire d'abord à Königsberg et de vous l'envoyer en droiture, dès qu'il sera achevé.

Quant à la médiation de la Russie, je vous réitère encore que mon intention n'est nullement ni de la refuser ni de la décliner; au contraire, je la regarde toujours comme la dernière corde de mon arc, sur quoi vous pouvez prendre vos mesures.

Sur ce qui est des dédommagements que j'exige de la reine de Hongrie pour l'invasion injuste qu'elle a fait faire en Silésie, et pour les dégâts considérables que ses troupes y ont faites, je veux bien dire pour votre instruction qu'ils consistent dans la cession de toute la partie de la Haute-Silésie qui par la paix de Breslau est restée à la reine de Hongrie, avec les enclavures de la Moravie, qui ne sont proprement qu'un mince district qu'on appelle de Hotzenplotz. Voilà mon ultimatum des acquisitions dont je me contenterai.

Mais si vous voyez que la chose est entièrement impossible, et que cet objet pourrait peut-être révolter les ministres et accrocher la paix,<73> alors il faut se retrancher sur le pied du traité de la paix de Breslau, qui sera mon dernier ultimatum.

Si l'occasion s'offre de parler à la princesse de Zerbst, touchant la lettre qu'elle m'a envoyée par votre canal, vous lui direz de la manière du monde la plus polie que je ne manquerais point de faire les récherches nécessaires sur l'affaire dont elle m'avait écrit et que je ne manquerais point de lui en faire ma réponse, dès que je serai en état de lui en mander des détails. Quant à l'insinuation qu'on a voulu faire à l'Impératrice que les Russes qui étaient à mes services, seraient privés de l'exercice de leur religion, de même comme si on les congédiait quand ils étaient devenus vieux et cassés, sans leur rien donner, il faut que je vous dise que c'est un des malins propos que mes envieux ont insinué à l'Impératrice; car, outre la réponse fort sensée que vous avez faite sur ces propos, il n'y a presque plus de Russiens dans mes troupes, ceux qui y ont été du temps de feu mon père étant tous morts ou établis ailleurs, ainsi que je puis protester avec fondement qu'il n'y a plus de Russiens parmi mes troupes; et quant à l'article second, tout le monde sait qu'il n'y a aucun de mes soldats à qui, s'il devient cassé ou vieux ou incapable de ne plus servir, je ne donnerais pas à vivre. Au reste, je souhaiterais bien de pouvoir encore avoir un nombre de Russes à mon service, pour lesquels j'entretiendrais avec mille plaisirs un pope.

Federic.

Nach dem Concept.