1837. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
[Camenz], 13 mai 1745.
Mon cher Podewils. Je recommence à prendre meilleure opinion de nos négociations que je l'avais il y a quelque temps ; ce que milord Harrington a dit à Andrié, me confirme dans ce sentiment, car je suis persuadé que ce que Robinson a écrit à ce lord, n'aura pas été assez satisfaisant pour nous, et que, pour ne point aigrir les choses, Harrington me les cache et travaille en secret à les réparer. Peut-être ma conjecture est-elle fausse, mais je vois bien que les Anglais ne rompront point la négociation, et je présume qu'ils tiendront ferme.
Il y a d'ailleurs toute sorte d'indices qui me font penser que la cour de Vienne n'est pas éloignée de s'accommoder avec moi sur le pied de la paix de Breslau, moyennant la récognition de la voix de Bohême et de mon suffrage pour le Grand-Duc. J'en juge par une lettre que Seckendorff m'a écrite, par laquelle il me fait comprendre qu'il se ferait le maquignon de cette paix, si je le voulais. Je lui ai répondu fort obligeamment, je n'ai rien refusé, mais je ne me suis pas non plus embarqué plus loin qu'il ne fallait, pour ne pas désobliger le lord Harrington. Vous aurez vu par les relations de votre neveu que<155> l'on mande de Vienne que la cour était très disposée pour s'accommoder avec moi. Des marchands de Landshut qui reviennent de Königgrätz, ont dit que parmi les Autrichiens le bruit courait qu'il ne dépendait que de moi d'avoir la paix, à condition d'élever le Grand-Duc à la dignité impériale.
Selon qu'il paraît par les nouvelles que j'ai de mes frontières, les Saxons se sont ravisés et ne donneront point le passage aux Autrichiens par la Lusace; c'était l'unique endroit qui me mettait en embarras: de ces côtés ici ils ne feront que de l'eau claire. Il paraît que leurs forces se tirent du côté de Königgrätz, d'où ils ne peuvent rien entreprendre en quatre semaines. Le point qui m'embarrasse le plus est celui des subsides; je commence déjà à en avoir grand besoin, et pour peu que la négociation d'Angleterre tire en longueur, je serai pourtant obligé d'y venir.
Adieu, mon cher Podewils, prenez courage et soyez persuadé que je suis avee estime votre fidèle ami
Federic.
Klinggraeffen doit avoir son rappel, je ne le laisse encore là que pour engager le général Saint-Germain; c'est à présent le point capital de sa mission.
Nach der Ausfertigung (praes. 16. Mai). Eigenhändig.