1969. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, AU CAMP DE CHLUM.
Camp de Chlum, 23 août 1745.
Monsieur. J'ai tout lieu d'être surpris des propositions sur lesquelles M. de Vaulgrenant paraît vouloir lier la négociation d'accommodement entre moi et la Saxe.
J'avais cru au moins d'y trouver des propositions que le ministère de Dresde avait faites sur ce sujet; au lieu de cela, il n'y a que des idées particulières du sieur de Vaulgrenant, qui véritablement n'aboutissent à autre chose qu'à ce que je doive retirer mes troupes de la Bohême et rester à la défensive, jusqu'à ce que je puisse parvenir à un accommodement avec la reine de Hongrie, pendant que la cour de Dresde veut rester dans tous ses engagements avec celle de Vienne, bien qu'elle veuille retirer, en attendant, ses troupes chez soi, sous l'agrément de la cour de Vienne, idée sur laquelle je crois que le sieur de Vaulgrenant n'a pas assez réfléchi, ou dans laquelle entre trop de penchant vers la Saxe. Je suis persuadé qu'il ne sera guère plus question à Francfort de la concurrence de la Saxe à l'élévation du Grand-Duc au trône impérial, et je crois même qu'on se trompe furieusement, si l'on est dans l'opinion que la cour de Dresde ne se soit pas encore accordée là-dessus avec la cour de Vienne et celle d'Hanovre ; ses ministres, Flemming et Loss, qui ont été à Hanovre, s'en sont expliqués tout autrement, n'ayant point dissimulé que leur cour était toute déterminée à donner sa voix au Grand-Duc. Ainsi, cette cour ne fera ni plus ni moins, quand même mes troupes n'entreraient jamais en Saxe; il sçrait d'ailleurs trop tard de vouloir suspendre la marche de mes troupes en Saxe, puisque celles-ci y seront déjà entrées, avant que mes ordres leur pourraient arriver.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.