1970. AU ROI DE FRANCE.
Camp de Chlum, 23 août 1745.264-1
Monsieur mon Frère. Les succès de Votre Majesté sont pour moi des sujets de triomphe. Elle efface par la campagne de cette année tout<265> ce que la guerre a produit de plus brillant sous le règne du Roi Son aïeul. La France doit sa gloire à la valeur prudente de son Roi, ainsi que le militaire Lui doit sa réputation. En même temps que Votre Majesté fait tant de grandes choses qui remplissent le monde d'admiration pour Elle, cette fortune qui L'accompagne fait bien enrager ces gazetiers, organes de l'envie et de l'animosité de Ses ennemis; il n'y aura donc plus de ressource pour eux, et leur malignité, dans sa stérilité, ne pourra pas même avoir recours au mensonge: la rapidité des conquêtes de Votre Majesté ne laisse point le temps à l'erreur de se répandre, et la mauvaise volonté de Ses rivaux se change promptement en crainte et docilité.
Ce que je puis apprendre à Votre Majesté de mon armée, est bien peu de chose en comparaison de ce qui se. fait en Flandre; je m'en rapporte à ce que M. de Valory Lui en marquera. J'assemble du côté de Magdebourg un corps de troupes, pour faire souvenir le roi de Pologne qu'on ne doit jamais faire aux autres ce que l'on ne veut pas qu'il nous arrive; cependant je n'abuserai pas de mes avantages.
Il est à déplorer que, dans un aussi beau tableau, il y ait une taché qui en défigure une partie. Je parle de la retraite du prince de Conty. C'est lui qui couronne le Grand-Duc et qui met les alliés de Votre Majesté dans une situation violente et funeste. Pour à présent, je crois le mal sans remède, l'élection du Grand-Duc sûre et certaine, l'association des Cercles de même, et, par conséquent, une partie des troupes de la Reine à sa disposition, et qui vers la fin du mois d'octobre pourront renforcer l'armée du prince Charles. Je suis avec les sentiments les plus distingués, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
264-1 Vergl. S. 262 Aum.