1978. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Camp de Semonitz, 2 septembre 1745.

J'ai reçu les deux dépêches que vous m'avez faites le 14 du mois d'août dernier. Je suis très content de leur contenu, mais surtout du zèle que vous avez montré pour mes intérêts, en tâchant à disposer le sieur d'Aillon à vouloir travailler d'une manière fort efficace pour que l'Impératrice n'assistât pas la Saxe pendant le courant de cette année. Il faut néanmoins que je vous dise, quoique sous le sceau du plus grand secret et uniquement pour votre direction, que, grâce au Ciel, je n'ai plus besoin d'un pareil secours de la part du ministre de France, les affaires étant venues au point que j'ai actuellement conclu une convention avec le roi d'Angleterre, avant son départ d'Hanovre, par laquelle la paix entre moi et la reine de Hongrie sera faite et les conditions réglées par les préliminaires qu'on en a signés de part et d'autre et que je viens de ratifier. La Saxe y est comprise, et j'ai donné des ordres au prince d'Anhalt de faire cesser toutes les hostilités contre la Saxe; ainsi que, pour mener cet ouvrage à sa perfection, je<271> n'attends que l'acquiescement de la reine de Hongrie et du roi de Pologne à ces préliminaires réglés, le roi d'Angleterre ayant pris sur soi et s'étant fait fort de procurer l'acquiescement des cours de Vienne et de Dresde sur tous les articles signés des préliminaires. Ainsi je crois être sorti par là d'un labyrinthe qui à la longue m'aurait pu causer mille embarras à plusieurs égards. Je ne puis pas encore vous mander le détail de ces préliminaires, qui sont tels, pour le dire en gros, que personne ni y gagne ni perd; mais mes ministres du département des affaires étrangères auront soin de vous en instruire, lorsque les circonstances le permettront. Jusque là, vous en garderez un secret inviolable, bien que vous puissiez diriger là-dessus vos démarches avec votre prudence ordinaire.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.