1996. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.
Camp de Staudenz, 26 septembre 1745.
Vous pouvez bien vous imaginer que c'est avec bien de l'impatience que j'attends votre relation par rapport à ce qui s'est passé sur l'échange des ratifications du traité préliminaire conclu à Hanovre, sur la réponse que la cour de Vienne a faite au roi d'Angleterre, et sur les moyens efficaces dont celui-ci se servira pour la faire acquiescer à la convention d'Hanovre, le temps m'étant infiniment précieux pour savoir au juste où j'en suis, et pour pouvoir prendre mon parti de manière ou d'autre. Mes ministres vous auront déjà informé du mauvais usage que les cours de Vienne et de Dresde ont fait de la première ouverture que le roi d'Angleterre leur a faite de notre convention, et comment elles ont éventé tout le secret. Vous ferez remarquer au lord Harrington que, lorsqu'il s'agissait de faire la paix de Breslau, la cour de Vienne se prêta à tout avec toute la facilité possible, uniquement par la raison qu'elle voyait bien que je n'avais pas bien pris mes mesures par rapport aux garanties qui devaient m'assurer la stabilité du traité de Breslau. A présent, que cette cour voit que par la convention d'Hanovre on a pris des mesures plus efficaces — par les garanties des Puissances maritimes, de l'Empire et à la paix future générale — elle fait la difficile et la roide, uniquement par la raison qu'elle voit ses espérances confondues par là de jamais me faire des affaires sur la Silésie; et qu'ainsi le lord Harrington peut juger des mauvaises intentions que la cour de Vienne a eues, lorsqu'elle fit la paix de Breslau. Au reste, je crois que, quand les Saxons ont trahi notre secret d'Hanovre, ils nous ont fait plus de bien que de mal, puisque, les ratifications du roi d'Angleterre faites, celui-ci sera d'autant plus he à accomplir ce qu'il a promis, et, si cela vient à la connaissance de la<289> nation, celle-ci se révoltera apparemment contre l'opiniâtreté de la reine de Hongrie, prendra notre parti et obligera le roi d'Angleterre, pour son propre honneur et pour la gloire de la nation, de faire accepter notre convention à la reine de Hongrie, bon gré mal gré qu'elle en ait.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinctskanzlei.