2017. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BRESLAU.
Campement de Trautenau, 9 octobre 1745.
Monsieur. J'ai appris par la vôtre du 3 de ce mois ce que vous avez voulu me représenter de la part de Sa Majesté Très Chrétienne, touchant la protestation contre l'élection du grand-duc de Toscane qu'elle me demande de faire conjointement avec l'Électeur palatin, et les mesures proposées pour cette fin.
Comme personne ne connaît mieux que vous mes sentiments de considération et d'amitié pour le Roi votre maître, par les preuves que je lui ai données de la sincérité et fermeté de mes liaisons d'alliance,<304> vous n'aurez aucun lieu de douter de l'envie que j'ai de lui être utile en tout ce qui me sera possible.
Mais avant que je puisse m'expliquer sur cette proposition, il faut que je vous prie de faire quelques réflexions sur les points suivants:
1° Que j'ai eu des raisons essentielles de protester contre la manière et l'illégalité de la susdite élection, mais point contre la personne de l'Empereur.
2° Que, l'inaction de la France du côté du Rhin ne pouvant pas me convenir, il serait nécessaire qu'elle eût du moins au bord de ce fleuve 100,000 hommes et qu'on les fît agir efficacement, afin que je puisse voir si l'on pourrait assez se fier à elle pour prendre des arrangements avec l'Électeur palatin.
3° Qu'après la façon dont cette couronne semble user avec ses alliés, elle ne saurait s'étonner si ceux-ci, aux règles de la prudence, balancent un peu de montrer la docilité désirée.
4° Que quant à mes griefs, vous savez mieux que personne leur nature et en quoi ils consistent, et que j'en ai eu de nouveaux, depuis que l'abbé de La Ville a proposé un congrès à mon insu.
Voilà quelques raisons qui vous feront juger si, dans le temps que la France tient une conduite si équivoque, je pourrais prendre de nouvelles mesures avec elle. Tout cela ne m'empêchera pas de conserver pour le Roi Très Chrétien toute l'amitié imaginable, et pour vous une parfaite estime. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach Abschrift der Cahinetskanzlei.