2042. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Rohnstock, 27 octobre 1745.
Mon cher Podewils. J'ai reçu hier votre dépêche, et en même temps la lettre d'Andrié par où il paraît que le ministère anglais persiste dans l'intention de remplir ses engagements. Je vous avoue que j'ai tant de crédulité pour cette négociation que j'en crois le succès infaillible; ce n'est point à dire que les effets s'en manifestent aujourd'hui ou demain, mais avant la fin de l'année. Il n'y a que l'alternative, ou que la reine de Hongrie accepte la convention d'Hanovre, ou qu'elle change de système, et je vous laisse à juger quels inconvénients il n'y aura point à ce changement, tant pour les sacrifices que la reine de Hongrie serait obligée de faire à la France, que pour ses sûretés à l'avenir. D'ailleurs, l'Angleterre tient les cordons de la bourse, et l'épuisement des finances est excessif à Vienne. Quoi qu'il arrive, en mettant les choses au pis, nous aurons deux alliés au lieu que nous n'en avons qu'un. La France nous donnera des subsides, et à moins que le ministère anglais ne veuille saigner du nez, il sera obligé à nous assister de quelque façon.
Selon mes dernières nouvelles, les Autrichiens commencent à se séparer et vont entrer dans leurs quartiers, ce qui nous fera gagner du temps, et vous savez le proverbe: Chi a tempo, a vita. Je pars demain pour Breslau; s'il n'arrive point quelque chose d'extraordinaire entre ci et le 30, je pars le 31, et je serai à Berlin le 1er de novembre. Voici, en ce cas, la dernière lettre que vous recevrez de moi, vous assurant que je suis avec estime votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
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