2045. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.
Quartier général de Rohnstock, 29 octobre 1745.
La relation que vous m'avez faite le 15 de ce mois, ne m'ayant appris que des nouvelles fort ordinaires, je m'attends de recevoir bientôt de vous une bien plus intéressante, pour m'éclaircir sur plusieurs sujets importants dont je vous ai chargé par mes ordres précédents. Comme mes ministres vous auront instruit sur tout ce qui s'est passé dans le collége électoral à Francfort, touchant la cassation de l'investiture d'Ostfrise donnée à moi par le vicariat de Bavière, et que cela s'est fait principalement sur les fortes instances que les ministres d'Hanovre ont faites là-dessus — comme d'ailleurs il me vient partout des avis qu'on ne songe à rien moins à Vienne qu'à s'accommoder avec moi, et qu'on a détaché de l'armée du Haut-Rhin 10,000 Autrichiens vers la Bohême, pour en fortifier l'armée du prince Charles, et que les ministres d'Hanovre se donnaient tous les mouvements possibles afin de remplacer ces 10,000 hommes qu'on détache contre moi, par des troupes de l'Empire — j'avoue que je commence d'entrer fort en doute contre la droiture des sentiments du roi d'Angleterre. De quelle façon dois-je concilier ces disparates? et dois-je regarder le roi d'Angleterre comme une ou comme deux personnes? Il me fait donner les assurances les plus fortes et les plus positives de vouloir obliger la cour de Vienne, par tous les moyens les plus efficaces, à accepter la convention d'Hanovre bongré malgré, il désire même d'être assisté de moi contre les entreprises du Prétendant en Écosse, pendant que ses ministres hanovriens font tout ce qu'ils peuvent pour me chagriner dans l'Empire et pour rendre intraitable la reine de Hongrie, en se prêtant à toutes les vues de la cour de Vienne en Allemagne contre mes intérêts ; au fond, si les ministres hanovriens tiraient la même corde avec le ministère britannique, il faudrait absolument que la reine de Hongrie pliât. Mon intention est donc que vous deviez vous éclaircir sur tous ces doutes dans une conversation confidente avec le lord Harrington, et que vous deviez lui dire combien j'étais obligé, par les raisons cidessus alléguées, de soupçonner le roi d'Angleterre que ses sentiments étaient bien différents de ceux de son ministère britannique, et que peut-être, en laissant faire celui-ci, les Hanovriens étaient instruits de faire à la cour de Vienne des insinuations toutes contraires et de traverser le ministère anglais, en fortifiant la reine de Hongrie à ne point plier, mais à se roidir plutôt contre tout ce que le ministère anglais pouvait représenter touchant un accommodement avec moi.324-1 J'avoue<325> qu'il me coûte de la peine à soupçonner une pareille duplicité énorme, mais il y a pourtant une contradiction si ouverte entre ce que le ministère britannique a fait, et entre la façon d'agir des ministres d'Hanovre, qu'il m'est impossible de le concilier. Vous y ajouterez que j'étais vraiment persuadé de la droiture et de la sincérité des sentiments du lord Harrington et des autres ministres anglais, mais que les manéges anciens des ministres hanovriens ne laissaient pas que de me rendre suspects ceux du roi d'Angleterre; que d'ailleurs il fallait absolument que je susse à présent à quoi me tenir sur notre convention; que milord Harrington savait avec quelle bonne foi je m'étais prêté à la conclusion de notre traité; que ç'avait été le ministère britannique qui l'avait rendu public, que je m'étais brouillé par là avec mes alliés antérieurs, et que, nonobstant de tout cela, je ne voyais point à quoi notre traité aboutirait, la cour de Vienne criant assez haut qu'elle n'y voulait point accéder; qu'il était donc temps que je susse de quels moyens efficaces les Puissances maritimes et surtout l'Angleterre se serviraient pour obliger la reine de Hongrie à accéder à ladite convention ou ce qu'on ferait pour moi si ladite Reine refusait tout net à ne vouloir point se tenir à la convention d'Hanovre; que milord Harrington conviendrait lui-même qu'il n'y avait plus de temps à perdre pour cela, et que, si dans un temps de quinze jours je n'étais pas sûr de mon fait et ne voyais des réalités, je ne pourrais autrement faire que prendre mes mesures pour ne pas être pris au dépourvu et me laisser accabler impunément. Vous ne manquerez pas d'insinuer tout cela au lord Harrington de la manière la plus énergique, pour en avoir une réponse catégorique, sur laquelle je puisse régler mes mesures, et, en attendant votre relation sur tout ceci avec bien de l'impatience, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
324-1 Der österreichische Gesandte von Wasner berichtet am 12. October an Maria Theresia, König Georg habe zu ihm „von dem Vergleich mit Preussen mit folgendem merkwürdigen Beisatz gesprochen: Wie Ew. Kaiserl. Majestät in der hierüber zu ertheilenden Antwort Sich um so mehrers in Obacht zu nehmen Ursach hätten, als er, der König, mir in höchstem Vertrauen nicht bergen wollte, dass sie, Ministri, üble Intentiones hegeten; dass er hierunter gerne Rath schaffen und helfen wollte, solches aber nicht in seiner Gewalt stünde.“ Vergl. Droysen, Friedrich der Grosse und Maria Theresia nach dem Dresdner Frieden, Berlin 1878, S. 108.