2052. A L'ÉLECTEUR PALATIN A MANNHEIM.

Berlin, 7 novembre 1745.

Monsieur mon Cousin. J'ai été véritablement touché du tableau que Votre Altesse Électorale. m'a fait, par Sa lettre du ier de ce mois, de la situation embarrassante où Elle et Son électorat Se trouvent par la cruelle et injuste oppression de Ses ennemis. Le tendre intérêt que je prends à tout ce qui regarde Votre Altesse Électorale, me ferait voler bientôt à Son secours, si la situation présente de mes affaires et l'acharnement de mes ennemis le voulaient permettre. Mais comme la<330> fermeté de Votre Altesse Électorale de ne pas vouloir subir l'indigne joug qu'on Lui veut imposer, Lui fait tant d'honneur et doit La faire triompher, à la fin, de tous les embarras où Elle Se trouve maintenant, par mon attachement fidèle à Ses intérêts, desquels je ne me départirai jamais, j'espère, sans m'ingérer toutefois de donner des conseils à Votre Altesse Électorale dans une affaire où Elle connaît mieux que personne, par Ses grandes lumières, ce qui Lui convient, qu'Elle ne changera qu'à bonnes enseignes de façon de penser, et qu'Elle voudra continuer, pour le bien réciproque de nos deux maisons électorales et pour le maintien de la liberté germanique, de rester ferme dans Ses engagements et de ne point laisser séparer et désunir nos intérêts, tout comme je ne donnerai jamais les mains à un accommodement sans y comprendre Votre Altesse Électorale.

Je pense aussi que Votre Altesse Électorale fera bien de sommer Sa Majesté Très Chrétienne de vouloir bien remplir ses engagements anciens et modernes avec Sa maison électorale et de L'assister promptement et efficacement de toute sorte de secours propre à soulager Votre Altesse Électorale dans les circonstances présentes. Pour ce qui regarde les liaisons qu'on a proposées de nouveau à Votre Altesse Électorale, je me réfère à tout ce que mon ministère a été chargé de dire de ma part sur ce sujet au baron de Beckers, ministre de Votre Altesse Électorale à ma cour, ne doutant point qu'il ne Lui en ait fidèlement rendu compte. Au reste, je prie Votre Altesse Électorale d'être persuadée de l'amitié inviolable et de la parfaite considération avec laquelle je ne cesserai jamais d'être, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse Électorale le bien bon et fidèle cousin et allié

Federic.

Nach dem Concept.