2092. A L'ENVOYÉ DE LA GRANDE-BRETAGNE DE VILLIERS A PRAGUE.362-1

Quartier général de Bautzen, 5 décembre 1745.

Monsieur. Je ne sais qui, de moi ou des Saxons, vous sera le plus obligé du rétablissement de la paix; le mal que je fais à mes voisins se fait très à contre-cœur, je me suis vu forcé d'en venir à cette extrémité, mais je procure en même temps toutes les facilités qui dépendent de moi au roi de Pologne pour sortir d'embarras.

Il sera donc nécessaire, pour mettre radicalement fin à cette funeste guerre, que le roi de Pologne expédie incessamment des pleins-pouvoirs à un de ses ministres, pour lequel je vous envoie le passe-port ci-joint. J'ai expédié mes ordres à mon ministre, comte de Podewils, de se rendre incessamment ici, après quoi l'on pourra dresser la convention convenablement, et, dès qu'elle sera ratifiée du roi de Pologne, j'évacuerai son pays, ses forteresses etc., et ferai cesser les hostilités.

Quant à l'article de cessation des contributions et indemnisation du dommage fait, les contributions ne peuvent cesser qu'après que le roi de Pologne aura ratifié' les préliminaires dressés par nos ministres, et je peux aussi peu indemniser au roi de Pologne les dommages de ses<363> sujets, que lui et la reine de Hongrie m'inderaniseront ceux qu'ils m'ont faits et font encore actuellement en Silésie.

Vous me ferez plaisir, Monsieur, d'accompagner le ministre saxon chargé des pleins-pouvoirs de son maître. Cela me procurera la satisfaction de voir un homme que j'estime beaucoup, et qui, rempli des véritables sentiments qu'un ministre doit avoir, procure la paix et la tranquillité aux nations, en éteignant le flambeau de la discorde et de la guerre.

Je crois de plus que vous n'aurez point de temps à perdre, pour être muni de votre cour des pleins-pouvoirs dont vous avez besoin pour la garantie de la Grande-Bretagne, et de faire que M. de Bestushew et le niinistre de Hollande agissent en conséquence.

Je regarde cette paix-ci comme la base de la pacification de l'Allemagne: ou la reine de Hongrie y accèdera d'abord, ou elle ne tardera pas d'y accéder.

J'ai appris d'ailleurs avec douleur que le roi de Pologne a quitté sa capitale; c'est un affront qu'il fait à ma façon de penser. Je l'ai toujours estimé personnellement, et dans le plus grand acharnement de la guerre on aurait respecté son caractère et sa famille. Vous pouvez assurer ce Prince de la cordialité et de la sincérité de mes sentiments, et qu'il ne tiendra qu'à lui que désormais nos deux cours vivent dans la plus étroite amitié.

Federic.

Nach dem eigenhandigen Concept.



362-1 Antwort auf das Schreiben von Villiers vom 4. December. Œuvres III, 195.