<108> à le disposer, par l'amitié qui règne entre moi et sa cour, à en parler de même au Grand-Chancelier.
J'espère au moins que de cette façon-là je tirerai plus de lumières sur ce que j'ai à espérer ou à craindre de la Russie, dont les arrangements qu'elle prend jusqu'ici me paraissent trop sérieux et d'une trop grande conséquence pour que vous les deviez traiter d'ostentation et de bagatelle. Ce que je vous recommande bien fort, me remettant d'ailleurs sur votre vigilance et dextérité.
J'attendrai votre relation bien détaillée sur tout le contenu de cette dépêche par le courrier qui vous l'apporte, et qui vous instruira de tout ce qu'il a observé chemin faisant vers Pétersbourg.
Federic.
Nach dem Concept.
2245. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.
Potsdam, 12 juin 1746.
J'ai tout lieu d'être content des relations que vous m'avez faites le 4 et le 7 de ce mois, puisqu'elles contiennent des faits assez curieux et en même temps fort dignes de mon attention. Aussi devez-vous continuer à être très attentif sur toutes les démarches et menées de la cour où vous êtes.
Quant au plan que les Russes peuvent avoir actuellement, je suis d'opinion, en combinant toutes les circonstances que j'en ai apprises jusqu'ici, qu'il ne se fonde guère à autre chose sinon à la supposition que, nonobstant la paix faite entre moi et la reine de Hongrie, je ne resterai pas tranquille, ni ne verrai avec indifférence les efforts que cette Princesse fait contre la France; que c'est donc pour me brider, que la Russie fait les arrangements d'avance, afin que, le cas supposé existant, celle-ci me puisse tomber en dos avec toutes ses forces, pour aider les Autrichiens et pour leur donner le temps de venir contre moi. Voilà ce que je crois de tous les mouvements que la Russie a faits jusqu'à présent.
Il me semble même que c'est peut-être ce que le Jésuite dont vous me parlez,1 a voulu donner à entendre, lorsqu'il lui est échappé de dire que l'armement russien n'était pas directement contre moi; mais comme je tiens ce Jésuite assez instruit des desseins des cours de Pétersbourg et de Dresde sur ce sujet-là, je veux que vous ne deviez épargner ni adresse ni argent pour en tirer encore plus de circonstances, moyennant
1 Klinggräffen meldet in seinem Bericht vom 4. Juni, dass er seine Informationen über die Beziehungen zwischen Dresden und Petersburg aus verschiedenen Canälen, directen und indirecten, schöpfe; als einen seiner Gewährsmänner bezeichnet er einen Jesuiten „homme d'esprit et qui peut être fort au fait, étant des intimes du comte de Brühl.“