<146> y règne. J'approuve fort la réponse que vous avez faite aux comtes d'Ulfeld et de Colloredo, touchant les plaintes qu'ils ont faites de ce que je n'étais point d'accord en tout avec leur cour par rapport à ses sentiments sur les affaires de l'Empire. Quelque envie que j'aie de vivre en bonne harmonie avec cette cour-là, néanmoins on ne saurait raisonnablement prétendre que je me conformasse aveuglément à tous ses désirs, et surtout dans des affaires qui ne se laissent pas concilier, selon mon idée, avec mes devoirs comme un des principaux membres de l'Empire.
On m'a averti de fort bon lieu que le traité d'alliance que la cour de Vienne venait de faire avec la Russie, n'était autre que purement défensif. On m'a voulu assurer d'ailleurs que l'ostentation que la Russie a faite jusqu'à présent par ses armements différents, n'était qu'un jeu de la cour de Vienne, qui y avait même contribué aux frais, pour me tenir en échec, afin que je ne puisse faire une nouvelle diversion à l'Impératrice-Reine, pendant qu'elle dégarnit ses provinces allemandes de troupes, pour en envoyer la plus grande partie en Italie; c'est que je ne vous dis que pour votre direction seule, et afin d'être en état d'en approfondir plus.
Comme je souhaite d'avoir une bonne quantité de grains de melons, de tout ce qu'il y en a de meilleur en Italie, vous en ferez venir pour moi par des gens à Vienne qui ont des correspondances en Italie. Il m'en faudra une quantité de 4 à 5,000 grains, mais comme je vous ai déjà dit, il faudra qu'ils soient de toutes les sortes de melons les plus exquises qu'il y en a en Italie, et surtout de cette sorte de melons qui sont verts par dehors, mais dont la chair en dedans est blanche.
Comme je suis averti de fort bon lieu que la Saxe a conclu son traité de subsides avec la France pour trois ans, et que le traité a été signé dans le mois d'avril par le ministre saxon en France, le comte de Loss, qui a tiré même la moitié des subsides d'une année, je voudrais bien que vous puissiez en faire informer sous main les ministres autrichiens, de même que celui d'Angleterre, mais par la quatrième ou cinquième main et d'une manière où vous ne paraissiez pas, ni en soyez même soupçonné; ou, si vous le croyiez convenable, d'une manière où vous fassiez semblant d'être un peu épris du vin, et que vous disiez alors comme par inattention qu'on avait des avis certains que la cour de Saxe avait conclu dans le mois d'avril son traité de subsides avec la France et en avait déjà la moitié; ce que je remets pourtant à votre discrétion.
J'ai été fâché de voir que des bruits de ville continuent encore à Vienne, que je faisais assembler un corps de troupes en Silésie. Comme il n'y a rien de plus faux ni de plus malicieusement controuvé, je vous ordonne une fois pour toutes qu'aussi souvent que de pareilles contes s'ébruitent à Vienne, vous devez en donner hautement le démenti et assurer à tout le monde que toutes les troupes que j'ai ordinairement