<195> parfaitement persuadé que la guerre des hauteurs, des coups de plumes et des chicanes restera toujours entre nous.
Quant aux affaires de Henckel, je vous sais bon gré de tous les avertissements que vous me donnez sur ses adhérents et ses correspondances, et j'en profiterai bien pour faire sous main et sans éclat les perquisitions nécessaires, afin que, si j'en démêle avec certitude cette trame, je la puisse rompre à la fois et tout d'un coup. Je commence cependant à présumer que la correspondance et les intrigues que cet Henckel entretient en Silésie, roulent principalement sur deux points différents, dont le premier regarde ses affaires domestiques, touchant ses terres, ses dettes et ses affaires de famille; je suppose qu'en second lieu il peut être chargé de la reine de Hongrie de la commission d'entretenir toutes sortes de personnes dans de bonnes dispositions pour la cour de Vienne et de se mettre en même temps bien au fait des mouvements qui se font en Silésie parmi mes troupes; et je suis presque persuadé que les Autrichiens, dans le fond de leur âme, ont pris l'alarme des changements de garnisons que je fais faire à quelques régiments en Silésie, et que pour cela on a envoyé Henckel en Moravie pour y épier de plus près, par ses amis et parents, ce qui en est. Je connais ces Autrichiens jusqu'au fond de leur âme, et vous pouvez croire que, sous une fermeté apparente, ils s'efforcent souvent à tâcher de faire au public une peur bien réelle. C'est pourquoi, plus vous leur marquerez de hauteur, plus vous les verrez plier par-devant vous.
Je plains votre situation en ce que vous ne pouvez être aidé dans vos recherches par aucun ministre de mes alliés, pour vous mettre au fait de bien des choses que vous ne pouvez pas apprendre vousmême et qui sont fort difficiles d'être apprises par des espions; mais suivez, un temps, les idées que je vous ai données, et peut-être trouverez-vous que je ne me suis pas trompé dans mes raisonnements. Quant au dessein que la cour de Vienne fait paraître de ne pas vouloir envoyer sitôt le général Bernes ici, ce n'est absolument qu'une impertinence, dont je saurai bien leur rendre la pareille, sans m'expliquer ici comment, pour leur faire voir qu'on ne me traite pas impunément avec fierté. Au reste, je vous enjoins encore une fois, et vous l'ordonne même expressément, que vous deviez pousseur la hauteur avec ces genslà jusqu'aux pointilles mêmes.
Federic.
Nach dem Concept.
2354. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.
Potsdam, 27 septembre 1746.
J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 16 de ce mois. Sur ce qui est de cet homme dont milord Harrington vous a dit que le sieur Robinson lui avait marqué qu'il était survenu une nouvelle difficulté entre moi et la cour de Vienne au sujet de cette per-