<238> être parvenue, je veux bien cependant vous marquer que mes lettres de Pétersbourg m'ont assuré bien positivement que, si la cour de Dresde fomentait une confédération en Pologne et tâchait de la faire parvenir à sa maturité, la Russie s'y opposerait alors de toutes ses forces.
Ce qui doit faire à présent votre soin principal, c'est que vous devez observer de fort près toutes les démarches du ministère saxon, pour bien approfondir si, en faveur du mariage de la Princesse, fille du roi de Pologne, avec le Dauphin, le ministère changera de système et s'attachera à celui que la France lui propose, ou si nonobstant ce mariage-là le ministère saxon restera attaché à la cour de Vienne. Voilà ce que vous devez tâcher à bien démêler, pour pouvoir m'en faire vos rapports avec toute l'exactitude possible.
Federic.
Nach dem Concept
2422. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 19 novembre 1746.
La dépêche que vous m'avez faite en date du 1er de ce mois, m'a été bien rendue. La nouvelle marque que le comte Woronzow vient de me donner de son amitié véritable, en me faisant avertir par vous des bruits qu'on avait disséminés encore, comme si je méditais de nouveau quelque entreprise contre la reine de Hongrie en faveur de la France, m'a fait infiniment de plaisir; aussi l'en remercierez-vous de ma part, de la manière la plus obligeante que vous sauriez l'imaginer, en ajoutant cependant qu'il n'y avait rien de plus faux et de plus controuvé que ces bruits-là, et que je n'avais pensé pour un moment ni à rompre de nouveau avec l'Impératrice-Reine, ni à faire marcher un seul soldat, soit au pays de Clèves, soit en Prusse; que c'était une chose connue à tout le monde que je ne faisais pas la moindre disposition à cela, et que lui, comte de Woronzow, pouvait être assuré que mon intention n'était autre que de vivre en paix et tranquillité avec tous mes voisins; qu'au surplus, je lui donnais encore une fois ma parole que, supposé le cas que les circonstances deviendraient telles que je me verrais nécessité à entreprendre quelque chose sur l'Impératrice-Reine, j'en ferais moi-même avertir alors de fort bonne heure lui, comte Woronzow, afin d'aviser là-dessus avec lui, mais que je le faisais assurer encore une fois de la manière la plus positive que je n'avais aucun dessein à rompre avec cette Princesse, ni n'avais aucune raison à le faire; qu'il pouvait compter là-dessus et donner hardiment le démenti à qui que soit qui voulût lui insinuer le contraire. Vous devez vous expliquer bien positivement, sur tout ce que dessus, au comte de Woronzow, et quant à vous, je vous autorise de traiter publiquement les bruits susmentionnés pour faux et controuvés, aussi souvent qu'on vous en parlera.