2464. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.
Berlin, 19 décembre 1746.
Je viens de recevoir à la fois les relations que vous m'avez faites en date du 6 et du 9 de ce mois. Quant au sieur de Villiers, je me remets sur ce que je vous en ai mandé dans ma dépêche précédente, et vous ne manquerez pas de lui dire, quand vous aurez l'occasion de lui parler, que, quelque sujet que sa cour voudra m'envoyer, personne ne me serait plus agréable que lui.
Je suis satisfait des raisons que vous m'alléguez de ce que vous ne m'avez pas mandé plus tôt que vous l'avez fait, les motifs véritables de la démission de milord Harrington. Il est très nécessaire maintenant que vous vous appliquiez de toutes vos forces à bien approfondir comment le duc de Newcastle, les Pelham et les autres ministres, et même le lord Chesterfield, pensent véritablement sur mon sujet. Il y a des choses qui me font presque soupçonner comme si leur façon de penser sur moi et mes affaires n'était plus la même aujourd'hui qu'elle l'était pendant le ministère du lord Harrington, et que peut-être le roi d'Angleterre a trouvé des moyens pour les faire changer d'idées. C'est pour quoi vous devez mettre toute votre application à démêler fort justement ce qui en est ou non, afin de pouvoir me faire, le plus tôt le mieux, un rapport bien détaillé, exact et fidèle. Vous vous garderez bien de vous fonder seul sur tout l'emmiellé que ces gens-là vous disent, mais vous tâcherez plutôt de deviner par des conjectures sensées et solides, de pénétrer leurs pensées intérieures et les intentions secrètes qu'ils peuvent avoir à mon égard.
Federic.
Nach dem Concept.
2465. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE FINCKENSTEIN A STOCKHOLM.
Berlin, 20 décembre 1746.
J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 6 de ce mois. La conduite que vous avez tenue relativement aux instructions que l'ambassadeur de France, le comte de Lanmary, a reçues de sa cour par un courrier, a été si sage et si sensée que j'en suis extrêmement satisfait, et j'ai tout lieu à être content de la pénétration et du bon jugement que vous avez fait paraître, ayant si bien rencontré ma façon de penser sur la proposition de la cour de France touchant la triple alliance qu'elle prend à tâche de faire entre elle, la Suède et moi, que vous m'avez, pour ainsi dire, prévenu de tout ce que je pouvais vous dire à ce sujet-là. Comme vous aurez reçu à présent les dépêches que je vous ai faites relativement à cette affaire, je m'y réfère simplement. Je laisse à votre discrétion s'il ne ferait quelque impression sur l'esprit des Suédois, pour accélérer la conclusion de l'alliance avec moi,