2678. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Kinckenstein berichtet, Petersburg 3. Juni: „Comme je commence à m'orienter un peu dans ce pays, je crois devoir marquer très humblement à Votre Majesté le jugement que j'ai lieu de porter sur la disposition des esprits et sur la situation des affaires. Je trouve à cet égard les choses dans l'état le moins favorable aux intérêts de Votre Majesté. Ce n'est pas que j'appréhende rien de réel dans le moment présent; les raisons qui combattent ce sentiment … subsistent toujours. Mais à cela près, le Chancelier est constamment le même à l'égard de Votre Majesté, et, ce qu'il y a de pis, plus puissant et plus en crédit que jamais auprès de l'Impératrice. Il a si bien profité de toutes les circonstances survenues depuis le départ de M. de Mardefeld que ses ennemis n'ont actuellement d'autre parti à prendre que de se tenir sur la défensive et d'attendre des temps plus favorables pour faire voir la pureté de leurs intentions et pour ouvrir les yeux de l'Impératrice sur les perfides conseils de son ministre. La conversion de ce dernier me paraît également difficile, pour ne pas dire impossible. Il est porté de cœur et d'inclination pour les cours alliées, tenant à ces mêmes cours par des liens plus forts encore, se sentant plus épaulé que jamais par le soutien du favori, qu'il a su mettre absolument dans ses intérêts depuis le mariage de son fils … Je crois donc que la seule conduite que j'aie à tenir dans une situation si critique, est celle-ci : de ne lui pas donner la moindre prise contre moi, d'avoir pour lui toutes les attentions qu'un premier ministre est en droit d'exiger; d'affecter d'un autre côté la tranquillité la plus parfaite sur les alarmes qu'on voudrait m'inspirer, et d'éviter jusqu'au moindre soupçon d'une intelligence secrète avec ses ennemis; de me concerter cependant sous main avec ceuxci, pour tâcher de prévenir et de parer les coups fourrés qu'on doit toujours craindre, et d'attendre patiemment avec eux du temps et de la fortune qu'ils fassent naître quelgues événements imprévus.“ | Potsdam, 20 juin 1747. J'ai reçu votre dépêche du 3 de ce mois et je vous sais bon gré des particularités intéressantes donc vous continuez à m'instruire par rapport à l'état présent des affaires à la cour où vous êtes. Le jugement que vous portez sur la disposition du premier ministe à mon égard, me paraît fort juste, mais la conduite que vous vous êtes prescrite à observer pour remplir votre tâche dans la situation épineuse où sont les affaires, est si sage et si prudente que je ne saurais autrement que l'approuver tout-à-fait et me remettre en conséquence sur votre dextérité. Depuis que mon traité d'alliance défensive avec la Suède est parvenue à sa perfection, je songe aux moyens de gagner pour nous les Danois, et je viens de donner mes ordres au chargé de mes affaires à Copenhague de pressentir les ministres s'il y a moyen de rapatrier par mon entremise cette cour-là avec celle de Suède. Si cette affaire succède comme je me le flatte, j'ai lieu à présumer qu'eue fera encore beaucoup d'impression sur nos ennemis et envieux, et que leur mauvaise volonté s'en ira tout-à-fait en fumée. Federic. |
Nach dem Concept.