<422> bon sujet pour l'envoyer à ma cour, ne serait peut-être pas si grand que milord Chesterfield se l'imaginait, et qu'il se trouvait apparemment assez de personnes, même de qualité, qui accepteraient avec plaisir ce poste; qu'il y avait le sieur Doddington qui peut-être ne le refuserait pas, pourvu qu'on lui en parlât. Comme vous mettrez par là ce milord au pied du mur, vous observerez seulement la réponse qu'il vous fera, sans le trop pousser alors sur ce sujet.

Au reste, j'attends le compte de ce que vous avez déboursé pour ce tabac d'Espagne que vous venez de m'envoyer.

Federic.

Nach dem Concept.


2686. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 30 juin 1747.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 21 de ce mois. Vous faites fort bien de mettre toute votre attention à bien approfondir le vrai objet des chipotages entre la cour où vous êtes et celle de Pétersbourg, et je vous sais bon gré de ce que vous m'avez exposé tout naturellement vos pensées sur les desseins que la première peut avoir contre moi. Je ne doute pas pour un moment qu'elle n'ait toute la mauvaise volonté imaginable à mon égard; mais quand vous supposez qu'elle voudrait entrer en lice avec moi dès qu'elle pourrait porter la Russie à m'entamer, il faut que je vous dise les raisons que j'ai pour ne pas croire que cette cour, malgré toute sa mauvaise volonté, soit présentement à même d'exécuter ses pernicieux desseins. Si elle voulait m'entamer dans le moment présent, il faudrait qu'elle fît revenir ses troupes ou des Pays-Bas ou de l'Italie. Dans le premier cas, la république de Hollande se verrait forcée par là de faire sa paix séparée avec la France, et je crois d'ailleurs qu'il ne serait point de la convenance du roi d'Angleterre par rapport à ses États d'Allemagne que la reine de Hongrie retirât ses forces des Pays-Bas pour les tourner contre moi. Dans le second cas, et si elle voulait retirer ses troupes de l'Italie, toutes les possessions qu'elle y a seraient perdues, et le roi de Sardaigne sacrifié à la France, ce que l'Angleterre ne voudra ni ne pourra jamais permettre. De tout cela je conclus que, pourvu que la cour de Vienne n'ait pas perdu tout le sens commun, elle n'osera m'entamer dans le temps présent, malgré toute l'envie secrète qu'elle en ait. Il m'est revenu d'un assez bon endroit, quoique dans la dernière confidence, qu'elle a donné des ordres secrets à son ministre à Pétersbourg, le général Pretlack, de travailler de son mieux pour faire rompre la cour de Russie avec la Suède; cet avis, que vous ménagerez extrêmement, peut être fondé, par l'espérance que la cour de Vienne aurait que, si une fois elle avait mis la Russie aux prises avec les Suédois, j'y serais aussi entraîné et qu'elle pourrait alors en retirer ses avantages,