<454> faisant insinuer indirectement que je n'avais guère à cœur les intérêts de la France, qui ne saurait pas compter sur moi, ni dans un temps où ses affaires prospèrent, ni dans un temps d'angoisse.

Quant aux autres desseins de la cour de Vienne, ils sont de nourrir toujours la cour de Dresde dans ses sentiments de haine et de jalousie contre moi et de lui inspirer en même temps une forte méfiance contre la France, en lui insinuant qu'aussi longtemps que la France tirerait tant d'avantages de moi relativement aux affaires du Nord et de l'Empire, et que je serais si supérieur en force à la Saxe, celle-ci serait toujours peu considérée de la France, qui, au contraire, me préférait à la Saxe malgré l'alliance où elle était avec la France par le mariage de la Dauphine.

Auprès des Puissances maritimes, et surtout en Angleterre, la cour de Vienne s'est proposée de noircir indirectement toutes mes démarches, même les plus innocentes, et représenter comme extrêmement dangereuses les liaisons secrètes dans lesquelles je persistais d'être avec la France. Ce que je saurais avoir d'amis encore en Angleterre, on les veut faire passer auprès du Roi et du Parlement comme des gens qui me trahissaient les affaires les plus secrètes, que je communiquerais d'abord alors à la France. A l'Hanovre, en particulier, l'on veut exagérer au possible le danger qui rejaillira sur cet électorat de mon alliance avec la Suède et de l'accession de la France. On veut animer par là l'Hanovre à se lier étroitement avec la Russie et la cour de Vienne, et à agir plus efficacement qu'elle n'a pas fait jusqu'à présent de s'associer avec d'autres États de l'Empire, pour faire sortir l'Empire de sa neutralité avec la France.

En Danemark, on veut tout remuer pour empêcher cette cour qu'elle n'accède à mon traité d'alliance avec la Suède, en l'avertissant du prétendu venin caché sous cette alliance. La cour de Vienne y veut travailler par elle et ses amis avec d'autant plus d'application qu'elle convient que, si la France et moi réussissons à faire accéder le Danemark au traité de Suède, tout ce que les cours de Pétersbourg et de Vienne avaient concerté depuis quelque temps, serait sans effet et tomberait en ruine.

A la Russie, l'on veut faire valoir les prétendues attentions que la cour de Vienne avait pour les intérêts de Russie, l'on veut relever comme extrêmement dangereuse pour cette puissance la ligue que la France va former au Nord, et l'on veut, au surplus, animer au possible la Russie et les Puissances maritimes, pour que le corps auxiliaire de troupes russiennes soit envoyé encore contre la France, selon la convention dont milord Hyndford était déjà préalablement convenu avec le chancelier Bestushew, mais que l'Angleterre avait rejeté par un esprit d'épargne hors de saison, s'étant contentée des seules démonstrations que la Russie doit faire sur mes frontières afin de me tenir en échec, quoique ces démonstrations ne pussent guère plus faire de l'impression