<459> guerre si onéreuse que celle où est la cour de Vienne, elle épuise absolument ses propres finances et provinces, malgré tout ce qu'elle reçoit de subsides des Puissances maritimes; qu'il faut croire qu'elle est obligée de sacrifier tout ce qui lui serait resté de fonds, pour me faire la guerre après la paix constatée avec la France; ainsi donc, tout pris et ensemble, l'on peut conclure que je n'aurai guère à craindre de la mauvaise volonté de la cour où vous êtes, si elle est obligée de continuer encore deux ans la guerre présente …
Federic.
Nach dem Concept.
2736. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 11 août 1747.
J'ai reçu à son temps les dépêches que vous m'avez faites des 18, 22 et 25 du mois dernier de juillet. Outre les raisons auxqu'elles vous attribuez l'accueil froid que le lord Hyndford vous a fait, et qu'il ne témoigne aucune confidence, il y a une autre raison secrète encore, que je viens d'apprendre d'un endroit très sûr et que je veux bien vous communiquer, quoique pour votre direction seule et sous le sceau du secret le plus absolu; c'est que le roi d'Angleterre n'a point abandonné jusqu'ici le projet de renverser la succession établie en Suède, et qu'indépendamment de l'intrigue de Blackwell échouée,1 milord Hyndford travaille fortement sous main à faire entrer la Russie dans les vues du Roi son maître : comme l'article séparé de mon traité d'alliance avec la Suède met des anicroches assez fortes à ces vues, je ne m'étonne pas si milord Hyndford ne vous voit pas de bon œil et s'il est mal disposé à l'égard de moi. Je sais, de plus, que le roi d'Angleterre anime au possible par Hyndford la cour de Pétersbourg à rompre avec la Suède, mais que la cour de Vienne s'y oppose fortement, dé crainte que je ne laisse pas de lui faire un mauvais tour dès que la Russie entrerait en guerre avec la Suède et se verrait obligé par là d'y employer les troupes qu'elle a en Livonie. Vous pouvez compter que tout ce que je viens de vous dire, ne sont point de contes ni de conjectures, mais des faits constatés dont je suis informé à n'en pouvoir pas douter, mais que je ne vous communique que pour votre direction seule.
Sur ce qui regarde la paix générale avec la France, elle ne me paraît pas si proche que l'on se l'imagine peut-être, et, selon les circonstances présentes, les brouilleries pourraient bien continuer encore une couple d'années; mais quand même cette paix se ferait telle que vous la dites dans votre dépêche du 25 juillet,2 je suis persuadé que le Chan-
1 Vergl. S. 415.
2 Finckenstein spricht in diesem Bericht die Ansicht aus, dass durch einen für Frankreich vortheilhaften Friedensschluss die Stellung des Grafen Bestushew erschüttert werden könne.