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2179. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 25 mars 1746.

J'ai vu, par le post-scriptum de votre relation du 11 de ce mois, tout ce que milord Harrington vous a dit touchant le rapport que le sieur de Villiers a fait de la première audience particulière qu'il a eue de moi.

Il y a dans tout cela quelque malentendu; c'est pourquoi vous direz à milord Harrington que je n'avais nul engagement ni liens avec la Hollande qui m'obligeassent à lui donner du secours, qu'il était connu que peu de temps après la paix de Breslau j'avais sollicité auprès des États-Généraux la garantie de ce traité et que je leur avais même offert mon alliance, mais que j'avais été refusé sur l'une, et qu'on avait fait peu ou point de cas de l'autre. Mais le cas même posé que j'aurais des engagements avec la Hollande, les Hollandais ne sont point attaqués à présent, et Bruxelles ne leur a point appartenu ; d'ailleurs, lorsque j'ai eu la guerre dans mon pays, les Hollandais l'ont regardée avec des yeux bien indifférents, pour ne pas dire qu'ils ont même payé des subsides contre moi à la Saxe et à la reine de Hongrie; ainsi qu'il n'y aurait rien d'étrange qu'ils eussent la guerre dans leur pays sans que je m'en mêlasse. Mais que j'étais très persuadé que cela ne viendrait pas là et que, si les Puissances maritimes n'avaient pas l'intention de sacrifier leurs propres intérêts, en préférant les intérêts de la reine de Hongrie et de la Pragmatique Sanction à ce qu'elles doivent à elles-mêmes, j'étais très sûr qu'il ne dépendrait que d'eux de faire une bonne paix à des conditions justes et équitables; qu'outre cela, milord Harrington devait avouer lui-même qu'après la conclusion de la convention d'Hanovre, lorsque je m'étais vu pressé des Autrichiens et des Saxons et que j'avais réclamé l'assistance du roi d'Angleterre, on m'avait déclaré tout net qu'on ne pouvait point me donner d'autres secours, sinon de conseiller à la reine de Hongrie de se prêter à ce qu'on était convenu par la convention d'Hanovre, et que par conséquent ce traité, qui me renouvelait la garantie de la Silésie, ne m'aurait servi de rien sans la fortune de mes armes; que je regardais donc comme une chose indispensable qu'il fallait faire un nouveau traité entre l'Angleterre et la Prusse, dans lequel il était très nécessaire de stipuler les secours que l'Angleterre me devait fournir en cas que je fusse attaqué par la reine de Hongrie, par la Saxe ou par la Russie.

Vous devez dire encore à milord Harrington que j'envisageais cet armement de la Russie comme une suite des intrigues du lord Carteret, et dont les conséquences auraient pu devenir plus sérieuses pour moi, si le lord Carteret s'était soutenu; que, quant à lui, milord Harrington, j'aurai toujours beaucoup d'estime et de confiance pour sa personne, mais que je n'étais pas assez aveuglé sur mes intérêts pour fournir directement ou indirectement des secours à la reine de Hongrie, et que