<507> pas moins vrai que la cour de Vienne l'a goûté et approuvé, et que c'a été le comte de Rosenberg, ministre de la reine de Hongrie à la cour de Portugal, qui a été chargé de cette négociation. Ce ministre donc a proposé à l'ambassadeur d'Espagne à Lisbonne de convenir d'un traité entre leurs cours, pour obliger le roi de Sardaigne à retrader tous les États que la cour de Vienne, selon son langage, a été forcée de lui céder depuis l'année 1735, et d'en faire un établissement à l'Infant. La cour de Londres, ayant eu du vent de cette négociation et ayant été informée de son détail, en a fait porter, par son ministre Robinson à Vienne, les plus vives plaintes, qui a traité la susdite négociation de noire trahison, de perfidie et d'une ingratitude inouïe à l'égard du roi de Sardaigne. La cour de Vienne a tâché de s'en justifier, en alléguant qu'elle ne faisait que se servir du droit de talion, l'intention du roi de Sardaigne n'ayant été, dans cette négociation qu'il avait entamée avec la France l'année 1745, que de dépouiller la cour de Vienne du reste de ses États en Italie, et que d'ailleurs on n'avait jamais eu dessein de conclure le traité sans la participation de l'Angleterre. Ces raisons n'ayant point satisfait l'Angleterre, la cour a été à la fin obligée d'ordonner au comte Rosenberg de laisser tomber cette négociation, et a tâché de prévenir le ministre d'Angleterre, Robinson, pour apaiser la cour de Londres, qu'on pouvait être assuré que cette négociation était absolument rompue. On sait en Angleterre ce qu'on en doit croire, mais on y sait d'ailleurs que l'Espagne, qui n'a pas paru éloignée de donner les mains aux propositions du comte de Rosenberg, est fort offensée de ce qu'on la désavoue; mais la raison principale qui a engagé la cour de Vienne d'abandonner avec tant de facilité un projet qu'elle a paru désirer si fort de mettre en exécution, a été qu'elle a reconnu à la fin l'impossibilité d'en venir à bout sans le concours de l'Angleterre. En attendant, le baron de Bartenstein a mis un autre projet sur le tapis, selon lequel on prétend engager le roi de Sardaigne à rétrocéder une bonne partie des États qu'il a acquis par le traité de Worms, pour faire un établissement à l'Infant; mais on est tant éloigné en Angleterre de se prêter à cette proposition qu'on est résolu de sacrifier plutôt les intérêts de la cour de Vienne, s'il le faut, que ceux du roi de Sardaigne. Voilà des faits assurés, que je voudrais bien que vous puissiez communiquer confidemment au ministre de Sardaigne à Dresde, en vous y prenant avec votre dextérité ordinaire.
Federic.
Nach dem Concept.
2810. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 20 octobre 1747.
J'ai reçu votre dépêche du 11 de mois. Tous les avis que je reçois de la France, de la Hollande et de l'Angleterre, se réunissent au point que la paix ne se fera pas cet hiver, et que de part et d'autre