2836. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 14 novembre 1747.
J'ai reçu votre dépêche du 28 d'octobre dernier. Vous devez sûrement compter qu'il ne s'agit point de la médiation de la Russie dans les pourparlers des ambassadeurs dont vous faites mention; la France ne voudra jamais l'accepter ni l'Angleterre l'agréer, et à moins que la tête ne tournât tout-à-fait aux autres puissances alliées contre la France, ils ne penseront jamais à une médiation de Russie ni ne voudront que celle-ci entrât si avant dans leurs affaires. Encontre, mes conjectures se fortifient de plus en plus que la marche du corps auxiliaire de troupes russiennes aura lieu; il se peut qu'on n'en soit pas encore entièrement d'accord, sur les conditions que l'on veut stipuler de part et d'autre, mais si l'Angleterre veut sérieusement que ces troupes marchent, il faut bien que le Chancelier s'y prête, bon gré mal gré qu'il en ait.
Federic.
Nach dem Concept.
2837. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 18 novembre 1747.
J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 8 de ce mois. Je sais de bonne part que la cour de Londres est peu édifiée de celle où vous êtes, mais que, malgré toutes ces chipoteries, les Puissances maritimes n'abandonneront pas les intérêts du roi de Sardaigne. D'ailleurs, j'ai eu des avis secrets que la cour de Londres est instruite; qu'indépendamment des chipoteries de la cour de Vienne à Lisbonne, elle en a découvert d'autres encore qu'on baptise du nom de terribles, et qui doivent surpasser de beaucoup celles qu'on a pratiquées à Lisbonne. J'espère d'en être plus éclairci; en attendant, je ne vous dis ceci que pour votre direction seule et pour vous mettre par là sur la voie d'en pénétrer adroitement quelque chose là où vous êtes. Il est indubitable qu'on ne fera que de l'eau claire au congrès d'Aix; la cour de Vienne, trop infatuée qu'elle est de son projet favori de conquérir le Naples, ne veut pas de paix avant qu'elle n'ait mis ce projet en exécution. Il faut cependant qu'il y ait eu quelque chose en Italie à son désavantage qu'elle tâche à cacher soigneusement, et des lettres d'Italie que j'ai vues me font conjecturer comme si le maréchal de Belle-Isle lui avait porté quelque coup sensible. Je serais bien aise si vous en pouvez tirer quelque chose au clair, pour m'en instruire. Au reste, le propos que l'Empereur vous a tenu relativement à l'entretien que j'ai eu avec