<527> post-scriptum criffré du 14 de ce mois, concernant les chipoteries des Autrichiens plus terribles encore, selon l'expression dudit ministre, que celles qu'elle a faites à Lisbonne,1 mérite d'autant plus mon attention que je me souviens d'avoir eu des avis secrets, il y a à peu près deux mois, qu'il y avait alors un chipotage fort secret entre la cour de Vienne et celle de France, ménagé par des émissaires envoyés de part et d'autre à Liége, pour convenir d'une paix séparée à l'exclusion des Puissances maritimes. Comme cela paraît partir de ce système que la cour de Vienne s'est formé, dont j'ai été averti et dont je vous ai instruit confidemment il y a quelque temps,2 savoir que ladite cour voudrait chercher à faire son accommodement particulier avec la France sans se soucier des intérêts des Puissances maritimes, ou qu'elle voudrait tâcher au moins de détacher la France de moi, j'ai ces raisons et d'autres encore de soupçonner extrêmement que ce sont ces chipotages à Liége où la cour de Vienne a voulu mettre en exécution son plan formé, mais que peut-être l'Angleterre, ayant eu avis de ces chipotages, les a fait avorter comme ceux de Lisbonne. Pour être donc plus éclairci si ce sont ces chipoteries où le sieur Williams a visé, lorsqu'il vous a parlé de la façon susdite, ou si ce sont encore d'autres mystères d'iniquité que la cour de Londres a découverts de celle de Vienne, vous devez tâcher à rembarquer le sieur Williams dans le même discours, et l'aiguillonner par tous les moyens convenables pour tirer de lui toutes les éclaircissements possibles à cet égard.
Au surplus, comme les lettres que j'ai eues depuis peu de Londres, m'apprennent que la cour y pense actuellement à la nomination de quelque ministre qu'elle veut envoyer à ma cour, j'ai bien voulu vous avertir d'avance, quoique encore pour votre direction seule, que je vous ai choisi, préférablement à d'autres, pour vous nommer mon ministre à la cour de Londres; ainsi, dès que cette cour aura déclaré le ministre qu'elle me voudra envoyer, je vous ferai relever de votre poste à Dresde, pour que vous puissiez aller en Angleterre. Il faudra cependant que votre successeur y arrive avant votre départ, afin que vous le mettiez bien au fait de tout ce qui regarde là mon service, et que vous l'instruisiez, en conséquence, des tenants et aboutissants de cette cour, de ses intrigues, de l'état de son militaire, de ses finances et de tout ce qui lui faudra savoir d'ailleurs, afin qu'il puisse me servir utilement là.
Au reste, je suis dans l'attente de recevoir le plus tôt possible de vous la copie de la nouvelle pastorale du sieur Hasse que je vous ai commandée par ma lettre du 26 d'octobre passé.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 524.
2 Vergl. S. 451.