<91> d'approfondir ce qui en est, et de s'insinuer dans leur esprit pour en tirer parti, surtout auprès de l'Empereur, dont le système est, à ce qu'on prétend, de vivre en bonne amitié avec moi, pour tourner toutes les forces contre la France et reprendre sur elle la Lorraine, qu'il regarde toujours comme son patrimoine.
10° Il fera au comte de Harrach un compliment obligeant de ma part et lui dira qu'après avoir été l'instrument de la paix et de la bonne harmonie qui avait été rétablie entre moi et sa souveraine, je comptais qu'il emploierait aussi tous ses soins et son crédit pour la conserver et l'affermir de plus en plus.
11° Il maintiendra surtout l'honneur du caractère dont j'ai jugé à propos de le revêtir, et ne s'en relâchera point dans les occasions essentielles et décisives; et comme à la cour de Vienne on prend souvent des civilités pour des marques de faiblesse, il aura soin de les accompagner toujours d'un certain air de dignité qui les caractérise.
12° Lorsqu'il aura quelque nouvelle importante et secrète à m'apprendre, il enverra ses dépêches par un homme affidé jusqu'à Neustadt,1 en les y adressant au comte de Dohna, et il lui marquera de me les faire parvenir par un exprès.
13° Deux à trois mois après son arrivée, il me fera les caractères de la Reine, du Grand-Duc, des principaux ministres, des généraux et des personnes qui, sans en avoir le nom, font les affaires par faveur; il dira même quelque chose de l'archiduc Joseph, et il tâchera de lire dans cette âme tendre quel pourra être le caractère de ce Prince avec le temps.2
Federic.
Nach Abschrift der Ministerialkanzlei.
2220. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 12 mai 1746.
Je suis fort content de la réponse que vous avez donnée au marquis d'Argenson et au cardinal de Tencin, selon la dépêche que vous m'avez faite, touchant ce qu'on faisait en France avec le roi de Pologne, et vous direz encore au cardinal Tencin que, dès que j'avais vu que la cour de Dresde s'entendait avec celle de Versailles, j'avais fait toute sorte de plaisir à la première, lui ayant fait même un prêt de 200,000 écus pour ses besoins pressants.3
Vous remercierez d'ailleurs le marquis d'Argenson de ma part de ce qu'il s'est souvenu de moi par la déclaration qu'il a faite à deux
1 In Oberschlesien.
2 Zu dem letzten Artikel bemerkt Graf Heinrich Podewils in der Vorlage: „Diesen dreizehnten Artikel haben Se. Königl. Majestät höchsteigenhändig beigesetzet.“ Die demgemäss von dem Gesandten eingesendeten Charakteristiken sind veröffentlicht in den Sitzungsberichten der K. K. Akademie der Wissenschaften zu Wien, Jahrgang 1850, phil.-hist. Classe, S. 446 ff.
3 Vergl. S. 72.