2225. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Pyrmont, 19 mai 1746.
J'ai été fort content des relations que vous m'avez faites le 30 du mois d'avril passé, et les assurances assez positives que vous m'y avez données, que je n'aurai assurément rien à craindre de la Russie dans le courant de cette année, m'ont fait surtout un plaisir infini. Avec tout cela, je ne saurais vous cacher qu'il y a eu des lettres du maître de poste à Grodno du 14 d'avril, passées à un marchand à Königsberg, par où celui-là mande qu'il était averti des confins de Smolensko que le corps de troupes russiennes, consistant en 40,000 hommes, qui y avait été assemblé, était actuellement en marche vers la Courlande et la Livonie, et qu'on avait mandé de Witebsk qu'on y avait assemblé 60 struses, afin de transporter l'infanterie par eau sur la rivière de Düna jusqu'à Riga, pour qu'elle y arrive d'autant plus tôt. Comme cette circonstance-là me donne encore bien à penser, vous ne laisserez pas que d'être encore fort attentif sur les menées du ministre et ne vous laisserez pas amuser par de fausses confidences qu'il vous fait faire, peut-être, afin de cacher d'autant mieux son jeu. Si vous êtes sûr que je n'ai rien à appréhender de la Russie durant cette année, je ne vois point de nécessité de sacrifier au ministre cette somme d'argent que vous nommez dans votre relation; aussi ne vous précipiterez-vous pas de l'aventurer; mais, si vous voyez que la résolution est prise de m'attaquer, et que le péril en devient imminent, alors vous ne devez plus tarder à en arrêter les effets par les offres pécuniaires au ministre, et je vous autorise de lui offrir alors tant les 50,000 roubles de gratification que les 10,000 roubles de pension annuelle. Enfin, c'est sur votre dextérité et votre savoir-faire que je me repose, étant persuadé que mon attente en sera justifiée.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
2226. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Pyrmont, 19 mai 1746.
Je suis fort satisfait de toutes les particularités intéressantes que vous m'avez mandées par la relation que vous m'avez faite le 29 du mois d'avril passé. Quant à la garantie de la Silésie, je veux bien vous dire que vous ne deviez plus tant presser le marquis d'Argenson là-dessus, puisque d'un côté je suis persuadé que, si les choses viennent au point que la France fera sa paix avec la Hollande, elle n'oubliera pas d'y stipuler la garantie de la Silésie pour moi, et que la Hollande sera obligée alors de s'y prêter bon gré mal gré qu'elle en aura, mais d'un autre côté, si l'on continue de tant parler à elle sur cette garantie-là,