2165. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 3 mars 1746.
Mon cher Podewils. La rebellion d'Écosse expire, il n'est plus besoin de secours, mais d'une simple ostentation; vous pouvez donc envoyer la déclaration ci-jointe à Andrié, puisqu'elle ne nous engage à rien et qu'elle nous peut concilier l'esprit de la nation anglaise.
La lettre interceptée de Lantschinski fait suffisamment connaître que les Russes nous craignent, mais qu'ils n'ont point intention d'agir offensivement, ce qui fera plus encore voir au monde leur véritable faiblesse et l'inhabileté de celui qui est au timon des affaires. Les lettres d'Italie sont fort à l'avantage des Français et n'augmentent point la portion de mérite à laquelle j'ai toujours apprécié le prince de Liechtenstein. Ma curiosité se tourne actuellement toute du côté de l'Angleterre, pour voir comment le gouvernement sera arrangé, et jusqu'à quel point l'esprit de caprice et de vertige pourra gouverner la tête de Monsieur mon oncle. Je suis du sentiment que ceux qui tiennent les cordons de la bourse, obligeront bien les autres à passer par toute leur volonté, et que Sa Majesté Britannique pourra à la fin saigner du nez.
Pour la Hollande, je la crois dans la nécessité de faire sa paix avec la France, et ensuite toute la ligue autrichienne, dépareillée et dans le dessous, sera bien obligée de faire la paix comme il plaira à Dieu. Heureux sont ceux qui, ayant fixé leur sort, peuvent voir tranquillement les embarras et les incertitudes des autres.
Je suis votre fidèle ami
Federic.
Projet de la réponse que le sieur Andrié doit remettre au lord Harrington.
Ayant fait rapport au Roi mon maître du contenu de la déclaration que Votre Excellence m'a bien voulu faire remettre touchant les sentiments et les dispositions favorables de Sa Majesté Britannique pour une prompte et fidele exécution de tout ce qui a été stipulé par rapport aux garanties dans la dernière convention d'Hanovre et dans les deux traités de paix de Dresde, comme aussi de la demande éventuelle de Sadite Majesté du corps de troupes auxiliaires stipulé par le traité de<40> Westminster de l'an 1742 entre les couronnes de Prusse et de la Grande-Bretagne, le Roi m'a ordonné de répondre à Votre Excellence que Sa Majesté est extrêmement sensible aux assurances obligeantes que Sa Majesté Britannique lui a bien voulu faire donner de nouveau de cultiver avec le Roi l'amitié la plus étroite et de remplir tous les engagements qui subsistent si heureusement entre Leurs Majestés.
Le Roi mon maître est tout-à-fait disposé à y40-1 répondre en toute manière et avec un égal empressement, n'ayant rien plus à cœur que de contribuer40-2 en tout ce qui dépendra de lui aux intérêts et avantages40-3 de Sa Majesté Britannique et à la prospérité et sûreté de ses royaumes, en resserrant plus êtroitetnent les liens40-4 d'amitié qui subsistent déjà entre les deux maisons royales.
C'est dans ces sentiments, et pour donner à Sa Majesté Britannique et à toute la nation anglaise la preuve la plus convaincante et la plus efficace40-5 de l'amitié du Roi et de son observation religieuse des traités conclus avec la Grande-Bretagne, que Sa Majesté déclare de vouloir tenir prêt un corps de 6,000 hommes d'infanterie que Sa Majesté Britannique a d'abord demandé préalablement au40-6 contingent auxiliaire, pour être transportés et employés40-7 dans les royaumes de la Grande-Bretagne, le cas existant et Sa Majesté Britannique le requérant, à condition toutefois que les États du Roi mon maître ne soient pas attaqués, en attendant, par quelque puissance que cela puisse être, et que Sa Majesté eût alors besoin40-8 elle-même de ses troupes pour sa propre défense, se flattant au reste que Sa Majesté Britannique voudra bien aussi de son côté remplir toujours fidèlement les traités qui subsistent et fournir et procurer les garanties promises par la convention d'Hanovre et les traités de paix de Dresde, tout comme le Roi espère que Sa Majesté Britannique voudra bien travailler non seulement sérieusement à détourner efficacement toutes les entreprises qu'on voudrait, contre toute attente, former contre les États du Roi mon maître, mais se déclarer aussi sur le secours et l'assistance que Sa Majesté aurait à espérer de Sa Majesté Britannique, si pareil cas devrait arriver.
Das Schreiben nach der Ausfertigung. Eigenhändig. Der Entwurf der Denkschrift ist von Podewils unter Zugrundelegung der Weisungen des Königs vom 27. Februar und 1. März.
40-1 Eigenhändige Correctur des Königs für ne demande pas mieux de son côté que d'y.
40-2 Desgl. für pouvoir contribuer.
40-3 Desgl. für à l'avancement des intérêts.
40-4 Desgl. für et de resserrer même les nœuds.
40-5 Desgl. für essentielle.
40-6 Desgl. für du.
40-7 Desgl. für transporté et employé.
40-8 Desgl. für dût avoir besoin alors.