2199. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.
Potsdam, 19 avril 1746.
Venant à être averti, par un bon canal, que la cour de Dresde a envoyé depuis peu divers courriers à celle de Pétersbourg sous différents déguisements, et qui ont pris leur route par la Moravie et la Pologne, pour éviter mes États, et que d'ailleurs le secrétaire saxon, nommé de Lœben, dont vous m'avez parlé dans quelqu'une de vos relations, pendant son dernier séjour à Pétersbourg s'y est dit lieutenant et a porté l'uniforme d'un régiment — j'en conclus que la cour de Dresde trame quelque chose à celle de Pétersbourg dont elle voudra me dérober la connaissance. C'est pourquoi j'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous puissiez être sur vos gardes là-dessus et tâcher de bien approfondir ce qui se trame entre ces deux cours et celle de Vienne.
Vous n'en devez point parler au comte de Brühl, mais vous devez bien prendre l'occasion d'en dire quelques mots au comte de Hennicke seul, en lui donnant à entendre que, comme j'étais bien informé de toutes les trames et menées secrètes entre sa cour et celles de Vienne et de Pétersbourg, je le voulais ignorer encore, mais que je souhaitais que sa cour pensait bien à ce qu'elle faisait, pour ne pas s'attirer de<64> nouveaux malheurs, qui sûrement seraient pis que ceux qu'elle avait déjà essuyés. Vous ne manquerez pas de me mander ce qu'on vous a répondu là-dessus.
Federic.
P. S.
Quand vous aurez l'occasion de dire confidemment au comte de Hennicke tout ce que je viens de vous ordonner par ma lettre, vous ajouterez encore d'une façon bien polie que, bien que ma résolution invariable fût de vivre toujours dans une parfaite amitié avec le Roi son maître et de contribuer en tout ce qui pourra rendre notre harmonie parfaite, néanmoins je le priais, lui, comte de Hennicke, de se bien ressouvenir de tout ce que je lui avais dit du temps de mon dernier séjour à Dresde, lorsque je l'avais entretenu tout seul dans une des chambres où je fus logé alors; que du reste je lui faisais réitérer les assurances de toute mon estime.
Nach dem Concept.