2321. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
[Potsdam], 31 août 1746.
L'impertinent mémoire du comte de Harrach171-1 est une suite de l'alliance défensive conclue entre la Russie et la reine de Hongrie. Ces gens peuvent avoir trois objets: l'un, d'obtenir par hauteur les choses qu'ils désirent; l'autre, de se servir de ma réponse négative pour ne point porter le décret comitial171-2 à la Diète; le troisième, de me piquer, d'allumer mon esprit, assez fier pour ne point endurer leur hauteur, et de me porter, à force de chicanes, à rompre avec eux, pour se servir de l'alliance de la Russie.
Ils ne réussiront ni dans le premier ni dans le dernier de leurs projets; quant au second, il me vient encore une idée, qui est d'écrire a Podewils qu'on ne répondrait à leurs mémoires que lorsqu'ils auraient accompli leurs engagements et porté à la Diète le décret de commission. Comme j'ai la tête échauffée aujourd'hui, et que mon esprit est étrangement aigri, je soumets toutes mes réflexions au phlegme de votre esprit et au calme de vos passions. Cependant instruisez votre neveu, et qu'il réponde avec dignité à cet infâme mémoire; pour moi, je suis résolu de n'y faire aucune attention, puisque toute la raison est de mon côté.
<172>Adieu, mon cher Podewils, que la foudre extermine cette race orgueilleuse, l'astuce autrichienneet les replis obscurs de sa profonde malice et perfidie.
Je suis votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
171-1 Vergl. die vorige Nummer.
171-2 Wegen der Reichsgarantie des Dresdner Friedens.