2355. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VARSOVIE.

Potsdam, 27 septembre 1746.

La dernière poste m'a apporté la dépêche que vous m'avez faite en date du 17 de ce mois. Quant à l'entretien que vous avez eu avec les deux ministres français,197-1 je veux bien vous dire que vous devez être sur vos gardes pour ne pas vous embarquer trop fort avec eux, car il me paraît que les ordres qu'on leur a donnés sont de payer plutôt en belles paroles que par des effets réels; c'est pourquoi vous devez agir prudemment et ne pas aller trop en avant avec eux.

Touchant la façon et le temps de rompre la Diète, il faut que je me remette simplement sur votre prudence et sur la connaissance que vous vous acquerrez de l'état des affaires de Pologne, étant d'opinion, moi, que celui qui est sur les lieux et présent aux affaires pour les pénétrer, est bien plus propre à en décider qu'un autre qui en est absent et éloigné. D'ailleurs, vous devez travailler, autant qu'il vous le sera possible, d'entretenir ceux de la nation que me sont affectionnés dans les bonnes intentions qu'ils ont à mon égard, et de me les tenir attachés, afin que je conserve toujours un bon parti parmi les Polonais. Je trouve fort bons les conseils que vous donnez pour détruire les mauvaises insinuations qu'on a faites aux Polonais à mon égard, et j'attends surtout de votre savoir-faire que vous tâcheriez d'imprimer aux bien intentionnés de la nation qu'ils doivent avoir toute leur confiance en moi, et qu'ils doivent me regarder comme le protecteur de la liberté et comme le seul prince dont ils puissent tirer une assistance réelle, en cas que des voisins dangereux veuillent détruire la forme de leur gouvernement. Quant aux imprimés qu'on pourrait faire courir en Pologne comme cela, je les approuve beaucoup. Sur ce qui est du projet que la France, en qualité de garante du traité d'Oliva, doive déclarer que je n'entreprendrais rien contre la République, je crois que ce sera plutôt capable de produire un bon effet qu'à nous faire du tort; mais quant à l'idée des alliances à proposer, il me convient encore d'avoir de grands ménagements avec la Russie, et les égards qu'il faut avoir pour cette puissance, ne permettent point de faire proposer ouvertement des alliances avec la République, la France et moi. En général, je n'ai pas l'opinion que le roi de Pologne réussira à cette Diète, et je crois qu'il y aura plus de bruit que de besogne, mais indépendamment de cela je commets à votre zèle, à votre prudence et à votre savoir-faire de rompre bien à propos tous les desseins qui pouront être contraires à mes intérêts.

Federic.

Nach dem Concept.

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197-1 Des Issarts und Castera.